Selon le Département de l’élevage et de la santé animale (ministère de l’Agriculture et de l’Environnement), la diversité des paysages, du climat et des écosystèmes confère à ces régions un potentiel considérable pour le développement de l’élevage. Ces dernières années, la filière a connu une modernisation progressive : amélioration génétique, diversification des produits, montée en gamme et structuration des chaînes de valeur.
À la fin de 2024, la région comptait plus de 2,46 millions de bovins, près de 6 millions de porcs, 75,3 millions de volailles et plus de 550 000 chèvres. Une partie croissante de ces élevages s’adapte désormais aux conditions climatiques extrêmes, tout en s’intégrant à des circuits de tourisme rural à forte valeur ajoutée.
Des modèles pilotes alliant production et attractivité touristique
Le Centre national de vulgarisation agricole pilote actuellement six projets combinant élevage et écotourisme dans plusieurs provinces. À Khanh Hoa, un programme d’élevage caprin durable (2023–2025) regroupe six foyers bénéficiaires. Le modèle, qui inclut la plantation d’arbres fruitiers, de cultures fourragères et l’aménagement paysager, enregistre une hausse de rentabilité estimée à 23 % par rapport aux exploitations traditionnelles. Chaque ferme attire en moyenne entre 30 et 50 visiteurs par an, majoritairement étrangers.
Les autorités de Khanh Hoa soutiennent activement ce type d’initiatives grâce à des incitations à l’investissement dans des systèmes d’élevage sobres en eau et à faibles émissions. Des synergies sont également établies entre élevage de chèvres, moutons, autruches et circuits touristiques en zones rurales ou montagneuses.
À Khanh Hoa, la famille d’Y Khen élève actuellement 63 chèvres, cultive deux hectares de vergers et exploite un étang piscicole. Grâce aux formations reçues sur l’alimentation animale, la prévention sanitaire et l’accueil touristique, la ferme accueille désormais environ 80 visiteurs par an, en complément des revenus agricoles.
Vers une approche intégrée et durable
Malgré ces avancées, les défis restent nombreux : fragmentation de la production, manque de coordination avec l’aménagement touristique, pénurie d’eau, érosion des sols, apparition de maladies animales et faibles capacités de gestion. Par ailleurs, l’absence de produits touristiques typiques liés à l’élevage freine l’attractivité, tout comme le manque de politiques intégrées de soutien.
Pour Le Quoc Thanh, directeur du Centre national de vulgarisation agricole, l’intégration entre élevage durable et écotourisme représente une voie d’avenir. Il souligne cependant la nécessité de garantir des standards élevés en matière d’hygiène, de qualité des produits, de gestion environnementale et d’identité culturelle.
À long terme, le développement de modèles de fermes biologiques et circulaires, respectueux des écosystèmes, doit s’accompagner d’initiatives, telles que la promotion des « farmstays », l’organisation de circuits éducatifs autour des chaînes de production propres, ou encore la structuration de filières intégrées entre agriculteurs, coopératives, entreprises agroalimentaires et agences de voyages.