Pour s’enrichir, chacun doit avoir sa propre façon, c’est ce que pense Nguyên Thi Chinh. Il y a quelques dizaines d’années, elle a été envoyée en Tchécoslovaquie pour ses études universitaires.
Chinh a appris la façon dont les Européens font leurs affaires. Elle a vu les paysans européens utiliser les résidus agricoles pour cultiver des champignons sur une grande envergure alors qu’au Vietnam, les résidus agricoles, sylvicoles et industriels étaient gaspillés. Or, le climat tropical est propice au développement des champignons.
Son diplôme en poche, en 1973, elle est rentrée au pays avec des germes de champignons d’Europe et le souhait de les multiplier au Vietnam: «J’ai ramené des variétés de champignons européens au Vietnam, essentiellement des champignons comestibles. Nous pouvons utiliser de la paille, de la sciure de bois, de la mélasse de canne à sucre et de maïs pour la culture des champignons. Cela rapporte de l’argent aux personnes à bas revenus et aux pauvres qui disposent de beaucoup de temps libre. Et nous étions déterminés à développer avec succès la culture des champignons».
En 1986, Nguyên Thi Chinh s’est vu attribuer un brevet d’innovation et de création remis par la Tchécoslovaquie pour son ouvrage de recherche dans la culture des pleurotes grâce aux technologies de fermentation micro-organique sans stérilisation. Refusant plusieurs offres intéressantes en Europe, elle a décidé de rentrer au Vietnam pour s’enrichir par la culture des champignons comestibles.
Nguyên Thi Chinh a introduit cette culture à la campagne. Des fermes de culture de pleurotes ont alors vu le jour à Son La, Lai Châu, Lâm Dông, et Dak Lak. Après le succès des champignons comestibles, elle investit dans la culture des champignons pharmaceutiques. Elle est la première Vietnamienne à avoir réussi la culture des champignons Ganoderma lucidum Lingzhi et grâce à ce succès, elle a obtenu le prix d’innovation technique du Vietnam VIFOTEC en 2002. Ce champignon Lingzhi, qui est utilisé dans le traitement de plusieurs maladies, est sensé améliorer la santé humaine.
Nguyên Thi Chinh a également reçu le prix de la créativité pour les femmes en 2013 pour son projet de rénovation technologique pour la production de champignons comestibles et pharmaceutiques. Ce prix ne fait que l’encourager un peu plus dans la culture des Lingzhi pour mieux aider les pauvres.
«Nos produits lancés dans le projet de rénovation des technologies de culture des champignons comestibles et pharmaceutiques apporteront une haute valeur économique qui permettra aux pauvres de sortir de la misère. Notre objectif est d’aider les femmes à sortir de la pauvreté. Nous espérons aider cette année 50 femmes à gagner entre 500 mille dongs et 2-3 millions de dongs ou plus par mois avec la culture des champignons. Nous comptons également recruter des travailleurs supplémentaires, développer la culture domestique de champignons, avant d'étendre le projet dans d’autres provinces et villes», a déclaré Nguyên Thi Chinh.
Malgré le poids de son âge, Nguyên Thi Chinh nourrit toujours sa passion pour la culture des champignons et aide les personnes déshéritées et malades. Elle offre souvent ses produits aux malades dans les hôpitaux d’oncologie, et aux enfants porteurs du virus du VIH à Ba Vi et à Hanoï.
Nguyên Thi Vân, l'une de ses collaboratrices, remarque: « J’ai l’honneur de travailler avec Mme Chinh. C’est une femme très sociable et enthousiaste. Elle aide les patients et notamment ceux qui sont déshérités et apporte du bonheur à de nombreuses familles. J’ai appris beaucoup de sa sociabilité et de ses activités humanitaires. C’est elle qui m’a donné un emploi stable et une vie meilleure à ma famille.»
Les projets de recherche menés par Nguyên Thi Chinh ont une grande valeur d’application empirique. Ils contribuent pour une part importante au succès de la science nationale. La réussite dans la culture des champignons Lingzhi apporte d'importants bénéfices économiques au pays et permet à de nombreux pauvres de sortir de la pauvreté.