Les habitants locaux souhaitent que ce site soit pleinement reconnu et mis en valeur afin de contribuer à attirer des visiteurs.
Un message venu de la nuit des temps
Découvert en mars 1980, dès les premières opérations de sondage sous l’abri de Mai Da Nguom, de nombreux chercheurs et archéologues ont recueilli des centaines d’artefacts lithiques, des galets aménagés et des fragments de pierre taillée.
Les analyses ont montré qu’il s’agissait d’un lieu d’habitat préhistorique.
En 1981, la première fouille menée sur une surface de 28 m² a permis de mettre au jour de nombreux outils en pierre, confirmant l’importance du site archéologique de Mai Da Nguom.
Cette découverte a introduit la notion de « technique de Nguom » et jeté les bases de l’identification de la « culture de Than Sa », une phase singulière dans le déroulement des cultures préhistoriques au Vietnam.
Les opérations suivantes, menées en 1982, 1985, 2017 et 2024, ont non seulement rendu le site archéologique de Mai Da Nguom connu auprès des archéologues vietnamiens, mais l'ont également fait connaître comme site archéologique régional.
Plus récemment, lors de la sixième fouille en 2025, l'équipe de recherche de l'Institut d'archéologie et plusieurs chercheurs étrangers ont découvert des couches sédimentaires contenant des traces d'occupation humaine datant d’environ 124 590 ans - les plus anciennes connues au Vietnam et parmi les plus anciennes de l’Asie du Sud-Est continentale.

Le Dr Pham Thanh Son, de l'Institut d'archéologie, a présidé la sixième équipe de fouilles et de recherche en 2025, composée des professeurs Nguyen Quang Hung, Luu Anh Tuyen, Ben Marwick et Li Bo.
Dans les couches profondes, des ossements d’animaux calcinés, des cendres de charbon de bois ainsi que des indices de consommation de graines et de fruits ont été découvertes pour la première fois au Vietnam sur un site datant de plus de 124 500 ans.
Ces constatations permettent, à titre préliminaire, d’affirmer que Mai Da Nguom livre la plus ancienne preuve connue de l’utilisation du feu au Vietnam et, plus largement, dans l’ensemble de l’Asie du Sud-Est.
Une valeur exceptionnelle
Les différentes fouilles ont confirmé que Mai Da Nguom constitue un véritable « musée » de la formation et du développement de la « technique lithique Nguom », qui occupe une place essentielle dans le processus culturel préhistorique de l’Asie du Sud-Est.
Le site livre également les plus anciennes attestations de l’usage du feu au Vietnam, ainsi que des preuves de consommation de ressources végétales et animales.
Selon le Dr Pham Thanh Son, le site archéologique de Mai Da Nguom présente des valeurs multiples.
Il est donc nécessaire de renforcer la coopération internationale et d'approfondir les recherches dans le cadre de fouilles étendues mais strictement contrôlées, tout en préservant son état d'origine grâce à la restauration du paysage et de l'écosystème de la rivière Than Sa.

Classé monument historique et culturel national en 1982, Mai Da Nguom mériterait aujourd’hui, de l’avis de nombreux historiens et spécialistes, d’être proposé au classement en tant que « site national spécial ».
Sur cette base, des solutions de gestion, de conservation et de valorisation ont été proposées afin d’optimiser la protection et la mise en valeur du patrimoine dans les années à venir.
Mai Da Nguom est une page vivante de l’histoire, un trésor d’informations sur les populations préhistoriques. La préservation et la valorisation de ce site permettent non seulement de préserver le passé, mais aussi d'ouvrir la voie au développement touristique de la localité.
Ainsi, les autorités et les habitants de la commune de Than Sa souhaitent la création d’un espace d’exposition retraçant la chronologie du site, la mise en place d’un parcours expérientiel consacré à la taille de pierre, la reconstitution immersive de la vie des communautés préhistoriques sous l’abri rocheux, ainsi qu’un renforcement des actions de médiation pour susciter l’intérêt du public.
L’objectif est d’intégrer Mai Da Nguom aux autres vestiges, paysages et pratiques culturelles locales, et de développer un tourisme culturel et durable susceptible d’améliorer les conditions de vie des populations locales, majoritairement issues de minorités ethniques.