Cap sur Bo Duong, un hameau rattaché à la commune de Hông Phong, commune qui donne son nom à une troupe de marionnette sur l’eau de renom. Mêmes les doyens ignorent la date précise à partir de laquelle cet art s’est enraciné dans leur village. Toutefois, à travers les images gravées sur les colonnes et la charpente de la maison communale, images qui présentent Têu - le désopilant et grassouillet personnage principal des spectacles, les fées, les dragons et les écureuils, entre autres, on peut deviner que la marionnette sur l’eau est apparue dans cette localité au 17e siècle.
Photo: VOV.
En face de l’édifice se trouve un étang, scène improbable de ce théâtre ancestral. Au milieu de l’étang est érigé un pavillon en partie immergé, une flamboyante construction à l’image d’une pagode. C’est là où se cachent les marionnettistes, le corps trempé dans l’eau jusqu’à la ceinture, qui manipulent avec brio les fils des marionnettes sculptées dans du bois dur et peintes de couleurs éclatantes. Bien que d’apparence simple, les marionnettes de Hông Phong ont un mécanisme de fils ingénieux qui exigent une animation complexe.
Nguyên Van Truong, sous-chef de la troupe Hông Phong: «La plupart des marionnettes sont fabriquées par les artistes de la troupe. Bien qu’ils soient sculpteurs amateurs, ils sont capables de faire des poupées parfaites. Le matin, nous travaillons aux champs, l’après-midi, nous montons sur scène et nous nous produisons devant les touristes. Ils aiment beaucoup nos spectacles.»
En 1994, la troupe de Hông Phong a décroché la médaille d’or pour la pièce «Le coup de tambour Ha Hông Châu» dans le cadre d’un festival national. Ces artistes-paysans ne manquent aucun évènement culturel à travers le pays, dont le Festival Huê.
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Eu égard des succès d’aujourd’hui, peu de gens savent que Hông Phong a eu par le passé des années très difficiles. Pham Van Tong, chef de la troupe de marionnette sur l’eau Hông Phong, raconte: «Notre troupe était fondée puis dissolue plusieurs fois à cause de la guerre mais après des hauts et des bas, des artistes ont décidé de la reconstituer en 1989. À l’époque, l’équipe s’est confrontée à de nombreuses difficultés. Mais avec l’aide des autorités et des mécènes, nous avons pu avoir les moyens financiers pour reproduire ces spectacles.»
Des aides financières en faveur de la troupe de Hông Phong continuent d’affluer depuis quelques années en provenance des autorités de Hai Duong et du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. L’Agence japonaise pour la coopération internationale (JICA) a elle-même offert une salle d’exposition, dans l’optique de promouvoir les spectacles de marionnette sur l’eau à destination des touristes. M. Tong précise: «Notre équipe a retrouvé sa motivation grâce aux institutions nationales et étrangères. Aujourd’hui, nous avons une quinzaine de membres. Les plus âgés occupent le rôle de conseillers artistiques.»
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Chaque mois, la troupe propose entre 25 et 30 spectacles aux touristes, tant vietnamiens qu’étrangers. Malgré son âge, l’octogénaire Vu Van Doan continue de satisfaire le public: «Nous avons monté plusieurs nouveaux sketchs en alternance aux pièces classiques. Nous sommes tous dévoués à préserver la quintessence d’un art ancestral, de la confection des marionnettes jusqu’à la reproduction des pièces.»
Des cours ont été ouverts à l’intention des jeunes qui veulent devenir marionnettistes et hériter de cet art unique. Ce sont eux qui reprendront le flambeau de Hông Phong dans un futur proche.