Cette mutation s’accompagne d’une chute persistante du taux de fécondité. Les projections tablent sur 1,63 enfant par femme en 2050, et seulement 1,38 en 2100 - bien loin du seuil de remplacement de 2,1.
Garantir la durabilité démographique constitue aussi un objectif majeur de la santé.
Alors que le pays fait face à la baisse de son taux de fécondité et au vieillissement rapide de sa population, les débats autour du projet de loi sur la population, présenté à la 10ᵉ session de la 15e législature, traduisent une vision centrée sur le développement humain intégral.
Le Vietnam aborde une phase décisive de son histoire démographique. D’après les données nationales, le pays compte désormais 16,1 millions de personnes âgées, soit plus de 16% de la population, mais surtout… un rythme de vieillissement parmi les plus rapides du monde. D’ici à 2049, un Vietnamien sur quatre aura plus de 60 ans: une transformation majeure qui met à l’épreuve le système de santé, la protection sociale et la cohésion économique.
Un déclin de la natalité qui s’accentue
Cette mutation s’accompagne d’une chute persistante du taux de fécondité. Les projections tablent sur 1,63 enfant par femme en 2050, et seulement 1,38 en 2100 - bien loin du seuil de remplacement de 2,1.
Le sujet a animé les débats de la 10ᵉ session de la 15e législature, où les députés ont examiné le projet de loi sur la population. Tous s’accordent: maintenir le taux de remplacement exige une action coordonnée entre les politiques économiques, sociales, éducatives et sanitaires ainsi qu’une mobilisation concertée de l’État, des entreprises et de la société civile.
Selon Tô Van Tam, député de la province de Quang Ngai, les dispositifs d’appui aux travailleurs doivent être élargis: congés parentaux plus souples, aides financières et environnements de travail favorables à la parentalité. «Si les entreprises s’impliquent réellement dans la mise en œuvre des politiques de soutien aux travailleurs, le maintien du taux de natalité deviendra un objectif atteignable», a-t-il estimé.
Nguyên Thi Viêt Nga, députée de la ville de Hai Phong, a insisté quant à elle sur la nécessité d’élargir les dispositifs de soutien aux mères salariées. Il est essentiel, selon elle, de développer un réseau de crèches et de structures d’accueil pour enfants dès l’âge de six mois, notamment dans les zones industrielles et urbaines où travaillent de nombreuses femmes. Des propos qui ont trouvé un écho dans ceux de Nguyên Hoàng Uyên, députée de la province de Tây Ninh.
Nguyên Hoàng Uyên, députée de la province de Tây Ninh. Photo: Assemblée nationale
«Il faut mettre en place des politiques durables et concrètes, avec notamment le développement de services de garde et d’éducation préscolaire, publics et privés, garantissant un niveau de qualité satisfaisant. L’État doit accorder des réductions d’impôt sur le revenu aux familles ayant deux enfants - une forme de soutien direct à fort pouvoir incitatif, déjà adoptée dans plusieurs pays confrontés à une faible natalité», a-t-elle suggéré.
Par ailleurs, environ un million de couples vietnamiens - soit 7,7% de la population - sont touchés par l’infertilité. Les coûts de traitement restent prohibitifs et les aides de l’assurance maladie insuffisantes. Plusieurs députés demandent que le projet de loi sur la population inclue la prise en charge partielle des soins liés à la fertilité. C’est par exemple ce qu’a proposé la députée Nguyên Thi Viêt Nga…
«Maintenir le taux de remplacement ne consiste pas seulement à encourager ceux qui ont peu d’enfants, mais aussi à aider ceux qui souhaitent en avoir sans y parvenir. Il faut des soutiens financiers, techniques et psychologiques, mais aussi une certaine forme de lutte contre la stigmatisation sociale autour de l’infertilité. Ce soutien ne sert pas seulement à maintenir la population, il reflète aussi la compassion et l’humanisme de l’État, en protégeant le droit à la parentalité de chaque citoyen», a-t-elle dit.
De la quantité à la qualité: un changement de paradigme
Une sage-femme prend un bébé dans ses bras sous le regard attentif de sa mère. Photo : VNA
Concernant le soutien financier aux femmes issues des minorités ethniques, plusieurs personnes estiment que les politiques doivent être ciblées et priorisées, afin d’agir là où le besoin est le plus important. Dans les zones montagneuses et reculées, le taux de fécondité des minorités ethniques atteint 4 à 4,3 enfants par femme - plus du double de la moyenne nationale. Pourtant, 20 à 24% des accouchements s’y déroulent sans assistance médicale. Aussi les élus appellent-ils à renforcer les infrastructures de santé, d’éducation et de transport, tout en soutenant l’autonomisation économique des femmes issues de ces communautés.
Les discussions à l’Assemblée nationale traduisent un glissement profond: la question démographique ne se limite plus à un simple calcul de population, mais interroge désormais la qualité de vie et les perspectives offertes aux citoyens.
Les propositions convergent vers une approche plus globale: équilibre natalité-vieillissement, soutien à la fertilité, garde d’enfants, congés parentaux adaptés et inclusion des minorités...
Au-delà des chiffres, le Vietnam semble amorcer un virage humaniste en concevant sa politique démographique non plus comme un simple instrument de contrôle, mais bien comme un levier de développement humain.