Le Vietnam affirme sa position sur la carte mondiale de la transplantation d'organes

Avec des avancées remarquables dans le domaine de la transplantation d’organes, le Vietnam s’est désormais imposé comme l’un des rares pays capables de maîtriser les techniques les plus complexes de greffes multiviscérales, marquant une étape historique dans le développement de la médecine nationale et régionale.

Le Vietnam affirme sa position sur la carte mondiale de la transplantation d’organes. Photo: qdnd.vn
Le Vietnam affirme sa position sur la carte mondiale de la transplantation d’organes. Photo: qdnd.vn

Une prouesse médicale sans précédent

Récemment, les médecins de l’Hôpital de l’amitié Việt Đức ont réussi la première greffe combinée cœur-poumons du pays – une opération extrêmement délicate, considérée comme l’un des défis les plus redoutables de la chirurgie moderne. Cette réussite place le Vietnam dans le cercle restreint des nations capables de réaliser ce type d’intervention hautement spécialisée.

« Les vingt derniers jours ont été d’une tension extrême pour toute l’équipe médicale. Aujourd’hui, c’est un immense soulagement et une joie indescriptible de savoir qu’un enfant pourra retrouver sa mère en bonne santé », a déclaré avec émotion le professeur Dương Duc Hung, directeur de l’hôpital.

« Avec cette opération, nous avons hissé le drapeau rouge étoilé du Vietnam sur la carte mondiale de la transplantation multiviscérale, notamment dans la greffe simultanée cœur-poumons », a-t-il ajouté.

Le patient, âgé de 38 ans, souffrait du syndrome d’Eisenmenger, d’une insuffisance cardiaque droite terminale et d’une régurgitation tricuspide sévère. Son pronostic vital ne se comptait plus qu’en jours. Face à une situation critique, l’équipe médicale a pris la décision audacieuse de procéder à l’intervention.

Selon le professeur associé Pham Huu Lu, chef adjoint du service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique de l’hôpital, les chirurgiens ont dû maintenir le patient sous circulation extracorporelle pendant près de sept heures, remplaçant temporairement les fonctions cardiaque et pulmonaire.

L’équipe a ensuite adapté la taille des poumons greffés, plus volumineux que la cage thoracique du receveur, et modifié la technique d’anastomose bronchique pour optimiser la perfusion sanguine. Chaque étape, notamment le contrôle endoscopique des sutures bronchiques, a exigé une précision absolue.

Depuis la première greffe rénale réalisée en 1992 à l’Hôpital militaire 103, le Vietnam a parcouru un long chemin. Les premières années ont été marquées par des opérations limitées, essentiellement à partir de donneurs vivants, dans un contexte juridique et sociétal encore peu favorable au don post-mortem.

Le tournant majeur est survenu en 2010 avec la première greffe cardiaque à partir d’un donneur en état de mort cérébrale, ouvrant une nouvelle ère pour la transplantation nationale.

En 2020, les chirurgiens vietnamiens ont réalisé la première greffe de membre dans toute l’Asie du Sud-Est à partir d’un donneur vivant – une première mondiale.

La même année, deux greffes intestinales réussies à l’Hôpital militaire 103 ont permis au pays de maîtriser les six types de transplantations d’organes vitaux reconnus par la médecine mondiale : rein, foie, cœur, pancréas-rein, poumon et intestin.

Ces avancées ont hissé le Vietnam parmi la vingtaine de pays capables de réaliser des greffes intestinales, une prouesse rarement atteinte. En 2024, la transplantation simultanée du cœur et du foie, effectuée à l’Hôpital Việt Đức, a encore renforcé cette réputation internationale.

L’opération, d’une complexité exceptionnelle, n’avait été réalisée auparavant que dans quelques centres de pointe aux États-Unis et en Europe.

Un niveau comparable aux grandes puissances médicales

Dans le monde, la greffe combinée cœur-poumons demeure extrêmement rare, avec à peine une centaine d’interventions par an. Ce type de chirurgie n’est envisagé que pour les patients atteints simultanément de maladies cardiaques et pulmonaires terminales.

Dans les meilleurs centres internationaux, les taux de survie à un an avoisinent 85 à 90 %, des chiffres qui témoignent de la difficulté de la procédure.

Pour le Vietnam, l’exploit réalisé par des équipes de l’Hôpital de l’amitié Việt Đức ne se résume pas à une réussite médicale, il symbolise la maturité d’un système de santé capable de rivaliser avec les plus grandes nations en matière d’innovation chirurgicale.

Selon le docteur Ha Anh Duc, directeur du Département de gestion des soins médicaux au ministère de la Santé, « ces succès ne sont pas seulement ceux d’un hôpital, mais ceux de toute la médecine vietnamienne. Ils prouvent que nous pouvons atteindre les sommets techniques jadis considérés comme inaccessibles.

Bien que notre pays ait commencé plus tard que d’autres, nous sommes aujourd’hui au même niveau que les grandes puissances médicales du monde en matière de transplantation d’organes », a-t-il affirmé.

Avec ces avancées spectaculaires, le Vietnam confirme son ambition de devenir un pôle médical régional et un acteur majeur dans la recherche et la pratique des greffes d’organes à l’échelle mondiale.

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