Étant le deuxième exportateur de café au monde, derrière le Brésil, et le plus grand exportateur du café robusta, le Vietnam n’a pas pourtant aucune marque figurant dans le classement des 10 marques de café les plus chères au monde.
Selon le plan de développement du café de spécialité du Vietnam pour la période de 2021 à 2025, la superficie dédiée à la culture des caféiers de spécialité est de 11 500 hectares, représentant environ 2 % de la superficie totale de toutes les variétés de caféiers. Le pays vise à l’augmenter à 19 000 hectares entre 2026 et 2030, soit 3 % de la superficie totale de caféiers.
La région des Hauts Plateaux du Centre (Tây Nguyên) représente 91 % de la superficie de culture et 93 % de la production de café du pays.
La filière de café a créé des emplois et des revenus pour plus de 600 000 foyers d’agriculteurs et 2 millions de travailleurs. C’est un secteur important dans les régions de Tây Nguyên et de Tây Bac (la région montagneuse du Nord-Est).
Selon le département général des Douanes, en 2022, le Vietnam a exporté 1,78 million de tonnes de café (soit une hausse de 14 % en glissement annuel) pour une valeur de 4,06 milliards de dollars, un chiffre record depuis 10 ans.
Selon l’Association du café et du cacao du Vietnam, l’Union européenne est le plus grand débouché du café vietnamien, représentant environ 40 % des exportations totales de café du Vietnam. Ce marché importe pour la plupart les grains de café cru. Au contraire, la Chine est le plus grand importateur du café instantané du Vietnam avec une croissance stable d’environ 15 % par an.
Ces dernières années, la production du café robusta vietnamien a connu une augmentation considérable tandis que celle du café robusta brésilien pourrait subir cette année une chute de 9 % en glissement annuel, ce qui ouvrira des opportunités d’exportations pour le Vietnam.
Les exportations vietnamiennes de café connaissent également une croissance rapide dans de nombreux pays tels que le Royaume-Uni, la Russie, l’Inde et le Mexique. Après la crise du Covid-19, la consommation du café est repartie en hausse, car les gens aiment toujours prendre du café quotidiennement. Cependant, les consommateurs choisissent des variétés qui sont moins chères. Au lieu de choisir le café arabica qui est plus cher, beaucoup préfèrent le café robusta dont le prix est plus abordable.
Pham Quang Anh, directeur du Centre des informations de la Bourse des marchandises du Vietnam (Mercantile Exchange of Vietnam, MXV), a prévu : « Entre 2023 et 2033, le Vietnam continuera d’être l’un des plus grands producteurs et exportateurs du café au monde ».
Une nouvelle direction de développement
Cependant, le responsable de la MXV se montre prudent en disant que les exportations de café du Vietnam rencontreront des difficultés cette année en raison du Règlement de l’Union européenne sur les produits « zéro déforestation » (EUDR) qui interdit aux entreprises de mettre leurs produits sur le marché européen sauf s’ils sont « zéro déforestation » et légaux. Or, au Vietnam, de nombreuses plantations de café concernent la destruction de pins et d’eucalyptus et empiètent sur les forêts.
En outre, l’Union européenne renforce ses exigences quant aux résidus de pesticides dans les grains de café (0,1 mg/kg), ce qui oblige les agriculteurs à changer leurs méthodes. « Ce sont de nouveaux défis, mais aussi de nouvelles motivations qui incitent la filière de café du Vietnam à se développer plus durablement », a constaté Pham Quang Anh.
La directrice chargée de la communication du groupe Trung Nguyên Legend, Vo Thi Hà Giang, a suggéré que la filière devrait augmenter la part des cafés transformés en précisant que 82 % des exportations de café du Vietnam sont des grains verts.
« En 2021, la Suisse a importé 192 000 tonnes des grains verts de café depuis le Vietnam et plusieurs autres pays pour les transformer en café de haute qualité et de haute valeur d’exportation. C’est une leçon à étudier pour la filière de café du Vietnam. Nous devons développer notre marque de café nationale », a ajouté Vo Thi Hà Giang.
Développer le café de spécialité et le café transformé est devenu une exigence pour les producteurs vietnamiens, mais les changements sont lents. Dans la province de Dak Lak, par exemple, en 2022, la production de café « de bonne qualité » ne représentait qu’environ 28 % de sa production totale du café. Les produits certifiés « de haute qualité », c’est-à-dire ceux dont le prix est supérieur à 5 000 dôngs le kilo par rapport au café courant, ne représentaient que 10,03 % de la production totale du café « de bonne qualité ».
Tenant compte de ces enjeux, le ministère vietnamien de l’Agriculture et du Développement rural a approuvé un projet de remise en culture des caféiers pour la période de 2021 à 2025 qui est déployé non seulement dans cinq provinces du Tây Nguyên, mais aussi dans des provinces d’autres régions à savoir : Son La, Diên Biên, Quang Tri, Binh Phuoc, Dông Nai et Bà Ria — Vung Tau. Le projet a pour objectif d’accroître la production nationale du café.
Dans le cadre de ce projet, la province de Dak Lak est en train de mettre en œuvre, à titre expérimental, un modèle de production organique assurant la traçabilité et la liaison entre les acteurs de la chaîne de valeurs, sur une surface de 10 hectares, qui s’étend sur les deux communes de Phu Lôc et de Ea Toh du district de Krông Nang. Une dizaine de foyers d’agriculteurs y ont participé. Résultats : les arbres se développent plus fortement et donnent de meilleurs grains qui se vendent à des prix plus élevés.
D’après le vice-directeur du Département provincial de l’Industrie et du Commerce, Huynh Ngoc Duong, la province de Dak Lak fait tout son possible pour aider les agriculteurs à produire durablement du café de haute qualité, à promouvoir leurs produits sur le marché et à trouver de nouveaux débouchés.