Le vietnamien n’est pas seulement un moyen de communication, mais aussi un lien invisible qui unit les Vietnamiens résidant à l’étranger à leurs racines, les aidant à retrouver leurs souvenirs, leur identité et leur amour pour la patrie au milieu des bouleversements de la vie.
Selon les dernières statistiques du Comité d’État chargé des Vietnamiens résidant à l’étranger, environ 6 millions de Vietnamiens vivent actuellement dans 130 pays et territoires à travers le monde. La communauté vietnamienne de l’étranger a contribué activement au développement socioéconomique et culturel des pays d’accueil. Elle s’efforce toujours de préserver et de promouvoir la langue vietnamienne, la considérant comme une partie intégrante de l’identité nationale.
À partir de 2023, le 8 septembre est désigné comme la Journée de la langue vietnamienne. Le Parti et l’État vietnamiens ont décidé de donner un coup d’accélérateur à l’apprentissage et à la pratique de la langue nationale au sein de la diaspora vietnamienne.
Un tournant historique de la communauté vietnamienne en République tchèque
En septembre 2013, la communauté vietnamienne en République tchèque a été officiellement reconnue par le gouvernement tchèque en tant qu’une des 14 minorités ethniques de ce pays. C’est la première fois que le vietnamien a la possibilité de devenir une langue minoritaire officiellement reconnue dans un pays européen.
Cela affirme non seulement le rôle et la position de plus en plus importante de la communauté vietnamienne dans la société tchèque, mais contribue également à préserver et à promouvoir la langue vietnamienne à l’étranger. Il s’agit d’une bonne occasion d’encourager l’enseignement du vietnamien dans les établissements scolaires en République tchèque, ce qui permettra aux générations futures de la diaspora vietnamienne d’accéder à la langue maternelle dans un environnement éducatif formel.
Après avoir été reconnu comme une langue minoritaire en République tchèque, le vietnamien est utilisé dans plusieurs services publics, tels que la santé, l’éducation et l’administration. Cela contribue à réduire les barrières linguistiques, notamment chez les personnes âgées ou les nouveaux immigrants, ainsi qu’à promouvoir la participation active de la communauté vietnamienne à la vie sociopolitique tchèque.
Lors de la célébration du 20e anniversaire de la fondation du Centre de la langue vietnamienne à Prague en octobre 2023, le président de l’Union des Vietnamiens résidant en République tchèque, Nguyen Duy Nhien, a affirmé : « Pour la communauté vietnamienne en République tchèque, la préservation et le maintien de la culture vietnamienne et de la langue vietnamienne constituent une mission vitale pour son développement durable. Nous multiplions donc les activités en lien avec la langue et la culture vietnamiennes, telles que des camps d’été vietnamophones, des camps d’été de retour à la source, des concours de connaissances sur la langue et la culture vietnamiennes, ainsi que des fêtes traditionnelles. Tout est bon pour que les générations de Vietnamiens nés en République tchèque puissent pratiquer leur langue maternelle, mieux comprendre l’histoire et la culture de leur pays d’origine, et plus particulièrement, garder un lien étroit avec leur langue d’origine. Tant que la langue existera, la communauté existera ».
Le vietnamien est inclus dans le programme scolaire de nombreux établissements sud-coréens comme seconde langue étrangère. Photo: thoidai.vn |
Une langue bien répandue
C’est aux États-Unis, principalement dans l’ouest du pays, que l’on trouve la plus grande communauté vietnamienne, avec environ 2,2 millions d’habitants. Les centres et les établissements d’enseignement de la langue vietnamienne jouent un rôle important dans la préservation et la promotion de langue maternelle auprès des différentes générations de la diaspora vietnamienne.
Selon les dernières statistiques, il existe plus de 200 centres et établissements d’enseignement de la langue vietnamienne à travers les États-Unis, contribuant aux efforts de la communauté vietnamienne dans ce pays dans la préservation et la promotion des valeurs culturelles traditionnelles et de l’identité nationale.
Le 11 juin 2024, le Conseil de surveillance de San Francisco, l’organe législatif au sein de l’administration de la ville et du comté de San Francisco (dans l’État de Californie), a voté à l’unanimité pour déclarer le vietnamien comme l’une des langues officielles de la ville, aux côtés du chinois, de l’espagnol et du philippin.
Avec cette décision, le vietnamien devient une langue officielle nécessitant la fourniture de services de traduction par les autorités. Il est officiellement utilisé dans les services publics, tels que l’interprétation, les annonces et les documents sur les sites web.
Selon le San Francisco Chronicle, la reconnaissance du vietnamien comme langue officielle ainsi qu’un certain nombre d’autres changements dans l’ordonnance sur l’accès linguistique de la ville américaine, vise à garantir que les résidents puissent être servis dans la langue dans laquelle ils sont le plus à l’aise.
Actuellement, 6 791 habitants de San Francisco s’identifient comme locuteurs vietnamiens. Avec cette nouvelle réglementation, la ville devra désormais fournir des interprétations téléphoniques, des textes sur son site internet et d’autres services officiels en vietnamien.
Il s’agit d’une étape importante pour faire de la langue vietnamienne une langue officielle aux États-Unis. Cela ouvrira de grandes opportunités pour rendre la langue vietnamienne plus répandue dans le monde à l’avenir.
Outre San Francisco, les comtés d’Orange (Californie), de Houston (Texas) et de Seattle (Washington) abritent également d’importantes communautés vietnamiennes. Dans ces localités, le vietnamien est largement utilisé dans les services publics en matière de soins de santé et d’éducation.
En plus de la République tchèque et des États-Unis, le vietnamien est également enseigné dans de nombreux autres pays, notamment dans le cadre des programmes de formation universitaire et professionnelle.
En Italie, l’Université Ca' Foscari de Venise propose depuis de nombreuses années à ses étudiants un programme d’apprentissage du vietnamien. Les étudiants ont l’occasion de découvrir l’histoire, la littérature, l’économie, la géopolitique, l’art et tous les aspects de la culture vietnamienne. Après avoir obtenu leur diplôme, les étudiants peuvent pratiquer couramment la langue vietnamienne et faire des recherches plus profondes sur le Vietnam.
De même, depuis 2013, le vietnamien est inclus dans le programme scolaire de nombreux établissements sud-coréens comme seconde langue étrangère. Actuellement, il y a quatre universités en République de Corée qui enseignent la langue vietnamienne et forme des vietnamologues. De nombreux lycées sud-coréens, comme Myeonmok dans l’arrondissement Jungnang-gu, capitale de Séoul, ont ouvert régulièrement des classes de langue vietnamienne.
Lors du concours national d’entrée à l’université en 2022, un grand nombre de lycéens sud-coréens ont choisi le vietnamien en tant que seconde langue étrangère.
Tout cela montre que la République de Corée attache une grande priorité à l’enseignement de la langue vietnamienne et à la promotion de la culture vietnamienne. C’est d’autant plus important que le nombre de Vietnamiens en République de Corée et les familles mixtes augmentent de plus en plus.
À Taïwan (Chine), depuis 2019, le vietnamien est officiellement introduit dans le programme scolaire comme langue étrangère pour répondre à la demande croissante d’apprentissage de cette langue de la part des Taïwanais, dont ceux d’origine vietnamienne.
En Ukraine, le Centre d’étude du Vietnam de l’Université nationale de Kiev est entré en fonction en septembre 2015, dans le but de développer les recherches et l’enseignement du vietnamien comme langue étrangère pour les lycéens qui vont faire leurs études universitaires et souhaitent acquérir des connaissances sur les langues orientales.
Face aux enjeux de l’intégration internationale
Le vietnamien affirme de plus en plus sa position importante non seulement comme langue d’une nation, mais aussi comme passerelle vers la culture internationale.
Grâce aux mesures incitatives prises par le Parti et l’État, le mouvement d’enseignement et d’apprentissage de la langue vietnamienne à l’étranger ne cesse de se renforcer, contribuant à cimenter les liens entre les générations de Vietnamiens dans et hors du pays, ainsi qu’à faire rayonner la culture vietnamienne à travers le monde.
La docteure Le Thi Thanh Tam, chef de la Faculté de vietnamologie et de langue vietnamienne de l’Université des sciences sociales et humaines (relevant de l’Université nationale de Hanoï), a déclaré : « L’introduction de la langue vietnamienne dans les programmes de formation de nombreux pays ou le fait que le vietnamien est devenu une langue officielle dans les grandes villes du monde montre la vitalité et le grand potentiel de cette langue dans le contexte de l’intégration internationale ».
La Déclaration des Nations Unies en 1992 sur les droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques stipule que les minorités ont le droit d’utiliser leurs propres langues dans l’éducation, les médias et la culture. Cela sert de base juridique importante pour que le vietnamien soit reconnu comme langue minoritaire dans les pays abritant d’importantes communautés vietnamiennes.
Par ailleurs, le fort développement de la technologie et de l’intelligence artificielle favorise l’enseignement et l’apprentissage du vietnamien en ligne, ce qui permettra à cette langue d’être plus répandue dans le monde, a indiqué Le Thi Thanh Tam.
Cependant, selon les experts linguistiques, pour que le vietnamien soit officiellement reconnu dans d’autres pays, il reste encore de nombreux défis à relever.
La communauté vietnamienne du monde entier et les organisations concernées doivent travailler en étroite collaboration avec les autorités locales et les agences diplomatiques vietnamiennes pour demander la reconnaissance du vietnamien en tant que langue minoritaire officielle. Ce sera non seulement un moyen pour préserver l’identité vietnamienne, mais aussi une opportunité pour la langue vietnamienne de s’ouvrir au monde, contribuant ainsi à la diversité culturelle et linguistique mondiale.
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