Des modèles efficaces
Né et grandi dans une zone rurale inondable, M. Bui Duc Thinh, du hameau Hoang Quyen, commune Gia Vien, province de Ninh Binh, nourrit le rêve de trouver un modèle de développement économique adapté lui permettant de s’enrichir sur sa terre natale. Après s’être renseigné, il constate que les modèles d’élevage piscicole selon le protocole VietGAP présentent de nombreux avantages par rapport aux méthodes traditionnelles : poissons moins sujets aux maladies, réduction des coûts en antibiotiques, croissance plus rapide, couleur brillante, chair ferme et savoureuse… Il décide alors de se tourner entièrement vers l’élevage conforme aux normes VietGAP.
Avec le soutien technique des agents de vulgarisation agricole et l’appui des prêts bancaires, M. Thinh réorganise la superficie de ses étangs, investit dans des équipements modernes, utilise des préparations microbiologiques pour traiter l’environnement aquatique, purifier l’eau et transformer les déchets et aliments résiduels en phytoplancton bénéfique aux poissons. Non seulement il applique courageusement la méthode VietGAP, mais il est aussi pionnier dans l’utilisation des technologies intelligentes. Chaque année, il écoule ainsi 100 tonnes de poissons, générant un chiffre d’affaires de 4,5 milliards de dôngs et un bénéfice net d’environ 1 milliard après déduction des coûts.
Dans la province de Quang Tri, afin d’aider les aquaculteurs, et notamment les éleveurs de crevettes, à accroître productivité et rendement, à améliorer l’efficacité économique par unité de surface, tout en fournissant au marché des crevettes propres et sûres, le Centre provincial de recherche, de transfert technologique et d’innovation a introduit des procédés avancés : l’utilisation du produit microbiologique Nitro-QTMIC (traitement de l’environnement des bassins) et du Perfect-QTMIC (complément alimentaire renforçant le système digestif et immunitaire des crevettes) dans plusieurs communes comme Cua Tung, Nam Cua Viet, My Thuy ainsi que dans des zones d’élevage intensif de crevettes Litopenaeus vannamei.
Dans ce modèle, les préparations microbiologiques sont employées depuis la phase de préparation des bassins jusqu’au contrôle de l’eau et des maladies tout au long du cycle. Les résultats sont nets : elles favorisent la multiplication des micro-organismes bénéfiques, optimisent l’utilisation des aliments et la valeur nutritionnelle, apportant un avantage clair aux éleveurs.
À Cua Tung, l’application combinée de Nitro-QTMIC et Perfect-QTMIC dans un processus d’élevage en deux phases a permis, après quatre mois, d’obtenir un taux de survie supérieur à 75 %, une taille moyenne de 50 crevettes/kg, une production de plus de 25 tonnes/ha, pour un bénéfice estimé à près de 1 milliard de dôngs/ha.
Selon le maître de conférences Le Thanh Tung, chef du département de vulgarisation scientifique de l’Union des associations scientifiques et techniques du Vietnam, l’application de modèles biotechnologiques contribue non seulement à accroître l’efficacité de la production agricole et à protéger l’environnement, mais elle aide aussi les localités à s’adapter avec souplesse aux défis actuels, en vue d’un développement durable. L’attention portée à la recherche, à la sélection de variétés à haut rendement et à la mise en œuvre coordonnée des techniques a largement contribué à la croissance du secteur agricole.
Ainsi, les travaux scientifiques et technologiques ont permis de créer des variétés de riz de haute qualité. De nombreuses recherches sont aujourd’hui appliquées à la production agricole au Vietnam, telles que les technologies de manipulation génétique, de création de plantes transgéniques, de micropropagation ou encore de culture cellulaire.
En 2024, l’agriculture vietnamienne a enregistré une croissance remarquable : la production végétale a progressé de 2,2 % et la valeur des exportations agricoles a atteint un record de 62,5 milliards de dollars, soit une hausse de 18,7 % par rapport à l’année précédente. Plusieurs produits phares d’exportation - riz, café, légumes et caoutchouc - ont dépassé le seuil des 2 milliards de dollars.

Nécessité de mécanismes et de politiques adaptés
Il apparaît clairement que l’agriculture vietnamienne a considérablement changé grâce aux avancées biotechnologiques : amélioration des rendements, création de produits à forte valeur ajoutée, réduction des coûts pour les paysans… Toutefois, le développement et l’application de la biotechnologie dans l’agriculture restent jugés lents, en deçà du potentiel et des exigences du développement socio-économique.
Face à cette réalité, le Parti et l’État ont émis plusieurs directives. Plus récemment, le Bureau politique a adopté la Résolution n°36-NQ/TW du 30 janvier 2023 sur le développement et l’application des biotechnologies au service d’un développement durable dans le nouveau contexte. Ce texte stipule : « Accorder une attention particulière à la recherche et à l’application des biotechnologies dans l’agriculture, afin de créer des variétés végétales et animales adaptées au changement climatique, résistantes aux maladies, à haut rendement, de qualité et de rentabilité élevées, contribuant à bâtir une agriculture intelligente, sûre et efficace. »
Pour concrétiser les objectifs fixés par cette résolution, selon le docteur Cao Duc Phat, président du conseil d’administration de l’Institut international de recherche sur le riz, il convient de mettre en œuvre simultanément plusieurs solutions. En premier lieu, il faut renforcer la sensibilisation et élever le niveau de conscience des responsables et des producteurs quant au rôle clé des biotechnologies, véritable « clé » ouvrant la voie à une agriculture durable.
À partir de cette prise de conscience, les ministères et organismes compétents doivent coopérer pour élaborer un cadre juridique et des politiques favorisant le développement et l’application des biotechnologies. Il s’agit notamment de réviser, compléter et perfectionner le système de textes législatifs, de mécanismes et de politiques concernés, ainsi que les procédures, normes et standards propres à la biotechnologie.
Parallèlement, il est nécessaire d’instaurer un mécanisme de gestion transparent et flexible permettant d’évaluer, d’autoriser et d’utiliser les variétés végétales issues de l’édition génétique, en conformité avec les pratiques internationales.