Depuis son entrée à l’OMC en janvier 2007, le Vietnam connaît une croissance plus forte que jamais. D’après le ministre de l’Industrie et du Commerce, Trân Tuân Anh, cette décennie à l’OMC a filé à grande vitesse, avec autant d’opportunités que de défis pour le pays. À son terme, un produit intérieur brut (PIB) par habitant de près de 2.400 dollars, ce qui constitue l’un des résultats les plus remarquables.
Des avancées spectaculaires
Selon le Département général des douanes, le commerce extérieur national a atteint 425 milliards de dollars en 2017, soit plus de quatre fois plus qu’en 2007. Il ne s’était chiffré qu’à 30 milliards en 2001. Au moment de l’adhésion du Vietnam à l’OMC, ce chiffre a triplé en s’élevant à 100 milliards de dollars. Il a franchi la barre des 200 milliards en 2011, puis des 300 milliards en 2015. Et il n’a fallu que deux ans plus (entre 2015 et 2017) au pays pour porter son commerce extérieur à plus de 400 milliards. Le Vietnam a fixé l’objectif de 500 milliards en 2019. Le pays a bien progressé dans le classement mondial de l’import-export établi par l’OMC. En 2016, il apparaissait au 26e rang en matière d’exportations et au 25e en termes d’importations, contre 50e et 41e en 2007.
La croissance du PIB est l’un des premiers indices macroéconomiques utilisés pour évaluer la santé d’une économie. Selon le ministère de l’Industrie et du Commerce, depuis 2007, malgré les répercussions de la crise financière puis économique mondiale de 2008, l’économie vietnamienne a maintenu une croissance moyenne annuelle de 6,29%. En 2017, elle a atteint 6,81%. Au premier trimestre 2018, le PIB national a enregistré une croissance de 7,38%, soit la plus forte hausse depuis dix ans. Un grand succès dans une conjoncture des plus difficiles, avec des catastrophes naturelles et des épidémies désastreuses, une crise financière puis économique et des développements imprévus dans le monde.
Le PIB per capita est passé de 730 dollars en 2006 à 2.445 dollars en 2016. La structure économique a évolué dans le bon sens avec une augmentation de la part des secteurs de l’industrie et des services. Le chiffre d’affaires à l’export en 2016 a augmenté de 3,5 fois par rapport à celui de 2006. En une décennie d’adhésion à l’OMC, le Vietnam a attiré plus de 22.000 projets d’investissement direct étranger (IDE) cumulant près de 300 milliards de dollars de capitaux e nregistrés. En particulier, plusieurs grandes sociétés multinationales ont choisi de faire du Vietnam un lieu de production principal comme Samsung, LG, Toyota, Honda, Canon… En l’espace de dix ans, l’investissement total dans le développement a fortement progressé, passant de 532.000 milliards de dôngs à 1.588 milliards en 2016, soit 31% du PIB.
Le Vietnam commerce avec plus de 200 pays
L’adhésion à l’OMC est une politique juste du Parti et de l’État vietnamiens. Elle contribue à promouvoir le processus d’intégration au monde et à améliorer la position du Vietnam sur la scène internationale. Mais elle aide, aussi et surtout, à mieux exploiter les avantages comparatifs entre les régions et les secteurs, afin de renforcer le commerce et l’investissement tout en exploitant mieux le marché domestique.
Le Vietnam entretient aujourd’hui des relations commerciales avec plus de 200 pays et territoires, dont 70 qui importent pour plus de 100 millions de dollars de produits vietnamiens, selon un rapport de l’import-export du Vietnam en 2016 du ministère de l’Industrie et du Commerce. Cette intégration se traduit en tout premier lieu par une multitude d’accords signés avec différents partenaires étrangers. Ce sont des accords de préférence commerciale et de libre-échange, mais aussi des traités d’adhésion à des unions douanières ou à des marchés communs.
Le Vietnam a montré son dynamisme à travers une intégration internationale active et un soutien fort au libre-échange commercial. Le pays a signé une douzaine d’accords de libre-échange et poursuit les négociations d’autres nouveaux accords avec différents partenaires. Ses accords de libre-échange en cours de négociations ou signés traduisent sa politique forte et cohérente d’approfondir l’intégration internationale et de promouvoir la libéralisation du commerce dans la région et le monde. Dans cette liste, figurent des accords bilatéraux avec le Japon, l’Union européenne (UE), l’Union économique eurasienne (UEEA), la République de Corée, mais aussi des accords multilatéraux impliquant plusieurs pays, comme ceux qui ont été conclus dans le cadre de l’OMC ou de l’ASEAN… Le Vietnam a également signé l’Accord de partenariat transpacifique (TPP), désormais appelé Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), et accélère actuellement le processus d’adoption du Partenariat économique intégral régional (RCEP). Il a établi un partenariat avec 55 nations, y compris les pays du G7 et 15 des 20 membres du G20.
Accélérer l’intégration
Au 4e plénum du Comité central du Parti communiste du Vietnam (PCV) du XIIe mandat, en octobre 2016, le PCV a affirmé sa volonté de "réaliser efficacement le processus d’intégration économique et de maintenir la stabilité sociopolitique dans le contexte d’adhésion du Vietnam aux accords de libre-échange de nouvelle génération".
En avril 2017, le Parti a promulgué un programme d’action destiné à réussir le processus d’intégration internationale, une “orientation majeure pour édifier et défendre la Patrie vietnamienne socialiste”. Dans cet objectif, le pays s’efforce de poursuivre le changement de modèle de croissance afin d’élever sa qualité, la productivité et la compétitivité de l’économie. En intégrant le tissu économique international, le Vietnam a vu s’élargir son espace de développement, mais aussi ses coopérations extérieures. L’intégration économique a propulsé le développement socio-économique, entraîné une amélioration de la productivité et un élargissement des marchés.
L’intégration économique internationale apporte avec elle des opportunités et des avantages indéniables. Elle s’accompagne aussi de nombreux défis que le pays devra relever. En premier lieu: l’environnement d’investissement reste encore difficile en raison de procédures administratives, des institutions du marché, des infrastructures en place, du niveau de qualification des ressources humaines ou encore de la difficulté d’attirer la “matière grise”. En outre, le Vietnam deviendra un marché de consommation pour les biens étrangers, avec la féroce concurrence que cela entraîne avec d’autres pays. De plus, si rien n’est fait, le pays deviendra une "décharge technologique", les pays développés cherchant à transférer leurs technologies dépassées aux pays en développement… Enfin, le pays reste confronté à un taux de pauvreté encore élevé, à des inégalités de revenus croissantes, à un environnement de plus en plus pollué, en plus de la nécessité de préserver l’indépendance, la sécurité, la souveraineté et l’identité culturelle nationale…
Pour se développer durablement, en plus de mener des réformes internes, le Vietnam devra savoir en tirer parti et se poser comme un maillon essentiel de cette entité, en maintenant son rôle de mécanisme de coopération et de connexion économique au sein de la région.