Verdissement des exportations : une clé stratégique pour permettre aux produits vietnamiens de s’imposer à l’échelle mondiale

Le verdissement des activités de production, de la logistique et des chaînes d’approvisionnement devient aujourd’hui un facteur décisif pour renforcer la compétitivité des produits vietnamiens sur les marchés internationaux.

 Photo: tienphong.vn
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Dans un contexte où les exigences liées à l’environnement, au carbone et à la traçabilité se durcissent partout dans le monde, l’économie Vietnamienne n’a d’autre choix que d’accélérer sa transition vers des modèles durables, en cohérence avec les normes globales.

La production durable, un « passeport » pour accéder aux marchés exigeants

De nombreux secteurs phares de l’économie nationale – notamment l’agriculture et le textile-habillement – sont directement confrontés à des critères environnementaux stricts, devenus obligatoires pour maintenir les flux d’exportation. Les réglementations concernant la réduction des émissions, la gestion responsable des ressources ou encore la transparence de l’origine des produits façonnent désormais les conditions d’accès aux marchés majeurs, dont l’Union européenne, les États-Unis ou le Japon.

Dans ce mouvement, l’industrie du café, un pilier des exportations agricoles du Vietnam, s’illustre par des initiatives solides de transformation durable. Les modèles d’agriculture régénératrice, de réduction des émissions et de gestion intelligente des exploitations se multiplient, avec l’implication directe des producteurs et des entreprises.

L’exemple du café : traçabilité, réduction carbone et valorisation internationale

Le programme NESCAFÉ Plan, mis en œuvre depuis plusieurs années, accompagne les agriculteurs dans l’adoption de techniques durables : gestion de l’eau optimisée, réduction des intrants chimiques, pratiques agricoles fondées sur la régénération des sols et le contrôle des émissions. Ces mesures permettent d’assurer une traçabilité complète et de répondre aux normes internationales émergentes.

L’expérience des exploitations participantes montre une évolution profonde du mode de production : la culture n’est plus limitée à l’expérience familiale ou à l’intuition, mais repose désormais sur des processus standardisés, mesurables et conformes aux exigences des marchés exigeants. La traçabilité devient un facteur essentiel, notamment dans le contexte d’application imminente de réglementations telles que l’EUDR de l’Union européenne.

Dans cette dynamique, des entreprises comme Simexco Dak Lak prennent une longueur d’avance. Avec une zone de matières premières de 50 000 hectares, connectée à environ 45 000 foyers agricoles, l’entreprise a atteint un taux de 70 % de volume certifié durable. L’orientation stratégique – axée sur la durabilité, la transparence et la qualité – renforce non seulement la valeur du café Vietnamien, mais aussi sa stabilité sur les marchés internationaux confrontés à de nouvelles exigences environnementales.

Une transition similaire dans le textile-habillement

Dans l’industrie du textile-habillement, plusieurs entreprises déploient des investissements massifs pour améliorer leurs performances environnementales. L’installation de systèmes photovoltaïques, l’utilisation de matériaux recyclés ou encore la modernisation des procédés de teinture et de traitement deviennent courantes. Certains fabricants s’orientent vers des modèles faibles en carbone, voire neutres en carbone, anticipant les attentes des clients européens et américains.

Bien que les coûts initiaux soient élevés, les entreprises affirment que les bénéfices à long terme – meilleure capacité à conclure des contrats, prix de vente plus stables, reconnaissance internationale – compensent largement les investissements. Le verdissement apparaît ainsi comme un avantage compétitif déterminant.

Un pilier de la stratégie nationale d’exportation

Selon le ministère de l’Industrie et du Commerce, le commerce extérieur du Vietnam a atteint environ 762 milliards USD au cours des dix premiers mois de l’année 2025, en hausse de 17,4 % par rapport à l’année précédente, avec un excédent de près de 20 milliards USD. Les prévisions pour l’ensemble de l’année dépassent 950 milliards USD – un niveau record.

Lors du Forum de promotion des exportations du Vietnam 2025, le directeur du Département de la promotion du commerce, Vu Ba Phu, a souligné que le Vietnam dispose encore d’un vaste potentiel inexploité sur les marchés clés tels que les États-Unis, l’Union européenne, le Japon ou le Moyen-Orient. Pour consolider sa présence, le verdissement figure parmi les cinq piliers majeurs de la stratégie nationale de promotion du commerce.

Cette orientation inclut la modernisation technologique, la réduction des émissions dans la logistique, la traçabilité totale des chaînes d’approvisionnement et l’alignement sur les normes internationales émergentes.

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S’adapter à une nouvelle réalité du commerce mondial

Pour l’expert économique Vo Tri Thanh, le commerce mondial se structure autour de trois principes : durabilité, inclusion et innovation. Dans ce contexte, un modèle reposant uniquement sur les coûts bas n’est plus suffisant pour assurer la croissance à long terme. Le Vietnam doit créer de la valeur ajoutée à travers les normes vertes, l’innovation et la construction d’une image nationale forte.

L’internationalisation des entreprises vietnamiennes ne se limite plus à vendre des produits, mais implique également la capacité à maîtriser les critères environnementaux, technologiques et réglementaires globaux.

Conclusion

Le verdissement des exportations n’est pas une tendance passagère, mais une transformation stratégique essentielle. Les efforts coordonnés entre producteurs, entreprises et autorités publiques montrent que cette transition ouvre la voie à une compétitivité durable, à la consolidation de la marque “Made in Vietnam” et à la conquête de marchés à forte valeur.

NDEL
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