L'agriculture en mutation : coopératives et drones, une solution pour surmonter les défis

Les drones agricoles sont de plus en plus courants, créant un nouveau secteur d'activité plein de potentiel pour de nombreuses personnes et coopératives.

Photo d'illustration: Vnbusiness
Photo d'illustration: Vnbusiness

Cependant, l'adoption de cette technologie n'est pas sans embûches, et ce sont justement ces défis qui révèlent les pièces manquantes du puzzle de l'agriculture de haute technologie au Vietnam.

Au cours des trois dernières années seulement, le marché des drones agricoles au Vietnam a connu une croissance explosive, tant en termes de nombre d'équipements que d'ampleur des services.

Un nouveau secteur décolle avec l'agriculture 4.0

Phan Thanh Trung, directeur commercial de la société AgriDrone Vietnam, a indiqué que certaines provinces du delta du Mékong ont atteint un taux d'adoption des drones de 50 % dans la production, ce qui montre l'ouverture et l'acceptation de la part des agriculteurs et des coopératives.

Cette croissance ne provient pas seulement des grandes zones de production, mais aussi des petits agriculteurs individuels. Phan Thanh Trung a précisé que même les agriculteurs ne possédant que 1 à 2 hectares ont besoin d'utiliser des drones, tandis que la demande est très forte pour les grandes fermes et les coopératives, avec des surfaces allant de 50 à 1 000 hectares.

Pour répondre à cette demande, des milliers de drones ont été mis en service. On estime que fin 2024, environ 6 000 drones étaient présents dans les champs vietnamiens, avec une fréquence d'utilisation élevée : 10 fois par saison pour le riz, dont 5 à 6 fois pour la pulvérisation de pesticides et 2 à 3 fois pour l'épandage d'engrais. Grâce à leurs performances exceptionnelles, chaque drone peut servir 2 000 à 3 000 hectares de riz ou 500 à 600 hectares d'arbres fruitiers par an.

L’apparition des drones a donné naissance à un nouveau modèle économique : les équipes de drones de service. Il s'agit d'un nouveau métier prometteur qui résout le problème du manque de main-d'œuvre.

De nos jours, une famille d'agriculteurs moderne peut avoir 5 à 7 hectares, mais seulement un ou deux travailleurs. En outre, la main-d'œuvre rurale vieillit et se raréfie. Les équipes de services de drones comblent efficacement ce vide. Un seul drone peut remplacer au moins 3 à 5 travailleurs, permettant une pulvérisation et un épandage d'engrais rapides et uniformes sur de grandes surfaces, ce qui est particulièrement important pendant les saisons de pointe.

Ce modèle permet non seulement d'économiser 20 à 30 % des coûts de main-d'œuvre, notamment dans les zones montagneuses complexes, mais aussi de créer des emplois stables pour des milliers de travailleurs. AgriDrone, par exemple, a mis en place 1 000 équipes de service, employant 2 000 à 3 000 personnes, ce qui prouve l'énorme potentiel de ce secteur. De plus, de nombreuses coopératives ont développé ce service, comme la coopérative Van Tra dans la province de Ninh Bình et la coopérative Khiet Tam dans la province de Can Tho. Les coopératives investissent des centaines de millions de dongs pour acheter des drones afin de servir les rizières de leurs membres, mais aussi pour étendre leurs services à l'extérieur, créant ainsi des emplois et augmentant les revenus de leurs membres et de leurs employés.

Nguyen Quoc Manh, directeur adjoint du Département de la culture et de la protection des végétaux, a déclaré que le coût d'investissement d'un drone est loin d'être négligeable, tandis que les zones de production des agriculteurs sont encore fragmentées. L'investissement dans des drones pour chaque foyer d'agriculteurs ne serait pas économiquement efficace. C'est pourquoi le modèle d'équipes de services de drones mis en place par les coopératives et les entreprises est la solution optimale dans les conditions actuelles.

Les obstacles sur la voie de la technologie

Malgré leurs immenses avantages, les drones agricoles doivent faire face à de nombreux obstacles. Ces difficultés ne résident pas dans la technologie elle-même, mais dans l'écosystème qui l'entoure.

Selon les experts, les barrières psychologiques et le manque de connaissances des agriculteurs et des membres des coopératives sont un problème, car les nouvelles technologies suscitent souvent la méfiance. Bien qu'ils aient des besoins, les agriculteurs et les membres des coopératives hésitent encore quant à l'efficacité réelle de la technologie. Les questions fréquentes qu'ils posent ne sont pas « comment le drone vole-t-il ? » mais plutôt « combien de litres d'eau pulvériser ? », « quelle est la concentration de pesticide ? » et « comment pulvériser pour une efficacité maximale ? ». Ces questions pratiques révèlent un manque de connaissances sur l'application de la technologie, ce qui exige un processus de formation complet et professionnel pour les agriculteurs et les membres des coopératives.

De plus, selon Nguyen Ngoc Huan, directeur de la coopérative de Khiet Tam, tous les types de pesticides ne peuvent pas être utilisés avec des drones. De nombreux agriculteurs et membres de coopératives ne savent pas quels produits sont homologués et recommandés spécifiquement pour les drones, ce qui rend le choix et l'application corrects difficiles. De nombreux représentants de coopératives affirment également qu'il n'existe pas de formule standard ni de norme des autorités pour le mélange des pesticides pour les drones. Un mélange trop concentré peut brûler les feuilles et causer de graves dommages aux cultures.

Bui Thanh Huong, cheffe du Service de la gestion des pesticides au Département de la culture et de la protection des végétaux, a précisé que certains produits sont homologués pour une utilisation avec des drones et que les instructions et recommandations du fabricant sont indiquées sur l'étiquette. Les agriculteurs et les coopératives peuvent les suivre pour améliorer l'efficacité des cultures et garantir la sécurité des drones.

Une autre difficulté est d'ordre technique et de recherche. Nguyen Quoc Manh, directeur adjoint du Département de la culture et de la protection des végétaux, a souligné que la quantité d'eau utilisée par les drones est très faible. Cela nécessite que les experts développent des pesticides qui se dissolvent bien dans l'eau. Par ailleurs, chaque type de culture a des caractéristiques de surface foliaire, des conditions de croissance et des hauteurs différentes, ce qui demande aux fabricants de drones de concevoir des équipements capables de pulvériser uniformément sur toutes les cultures, afin de garantir une efficacité optimale et une production agricole à grande échelle, au lieu de se concentrer principalement sur le riz et les arbres fruitiers comme c'est le cas actuellement.

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