Le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement vient de publier un plan de développement agricole pour la période 2025-2035, visant à orienter le secteur vers une trajectoire à faibles émissions, tout en garantissant la sécurité alimentaire et en renforçant la compétitivité des produits vietnamiens.
Selon ce plan, d’ici 2035, chaque province et ville devra construire au moins un à deux modèles de production à faibles émissions susceptibles d’être reproduits. À l’échelle nationale, au minimum 15 projets pilotes seront mis en place pour développer des crédits carbone, afin de répondre aux critères de participation au marché international. Un label national « Faible émission » sera également instauré pour les produits agricoles répondant aux normes environnementales.
Une partie des surfaces rizicoles à faible rendement sera convertie en cultures de grande valeur ou en systèmes combinant culture et aquaculture. Les modèles « une récolte de riz – une récolte de légumes » seront encouragés afin d’améliorer la fertilité des sols et de réduire les émissions. Pour les cultures pérennes, le ministère privilégiera les variétés à la fois économiquement rentables et capables d’absorber efficacement le carbone.
Les techniques culturales à faibles émissions seront également standardisées. La riziculture appliquera l’irrigation alternée humide-sèche, le système de riziculture intensive (SRI) ; les engrais organiques, microbiologiques et à libération lente remplaceront progressivement les engrais chimiques ; l’usage des pesticides chimiques sera limité au profit de solutions biologiques. Les technologies numériques – des capteurs aux logiciels de surveillance de l’humidité du sol – aideront les agriculteurs à gérer l’eau, les engrais et les traitements, permettant à la fois des économies de coûts et une réduction des émissions.
Des modèles de démonstration seront mis en place dans les zones de production concentrées, impliquant les agriculteurs, les coopératives et les entreprises. Ces modèles appliqueront non seulement des techniques à faibles émissions, mais aussi le mécanisme de mesure, rapport et vérification (MRV) conforme aux standards internationaux.
Le ministère créera en outre une base de données nationale sur les émissions agricoles, intégrée par région écologique, culture et technique. Cette plateforme sera connectée à l’inventaire national des gaz à effet de serre, garantissant la transparence des données et permettant au Vietnam de participer activement au marché du carbone.
Le plan fixe également l’objectif de former au moins 3 000 techniciens, conseillers agricoles et agriculteurs de référence sur les pratiques à faibles émissions, le MRV et les crédits carbone. Cinq séries de documents de communication standardisés seront largement diffusées pour encourager des changements de comportements vers une production durable.
Sept groupes de solutions sont proposés, allant de la réforme institutionnelle et l’établissement de critères pour l’agriculture à faibles émissions, jusqu’aux mécanismes d’incitation financière pour les agriculteurs, coopératives et entreprises. Les nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle, l’agriculture de précision ou encore la production de biochar à partir de sous-produits agricoles, seront encouragées à la recherche et à la mise en œuvre.
Les ressources financières devraient combiner le budget public avec des capitaux privés et des financements internationaux. La coopération avec des organisations telles que la FAO, la Banque mondiale, la GIZ, la JICA, le PNUD ou le FIDA sera renforcée pour bénéficier de leur soutien technique, financier et en matière de gestion.
À plus long terme, d’ici 2050, 100 % des surfaces cultivées principales appliqueront des pratiques agricoles durables ; l’ensemble des données d’émissions sera numérisé et intégré au niveau national ; le label « Faible émission » sera généralisé dans les principales filières. Cet objectif vise à faire du Vietnam un pays pionnier de la région en matière de produits agricoles respectueux du climat.
