Croissance grâce à une adaptation flexible
En 2025, les exportations nationales de produits en bois devraient dépasser 17,3 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,4 %. Hô Chi Minh‑Ville représente 50 % de la valeur des exportations de produits en bois du pays. Pour atteindre ce niveau de croissance, les entreprises locales ont fait preuve d’une grande flexibilité, notamment en renforçant leurs exportations sur les plateformes de commerce électronique.
En août 2025, lorsque les États‑Unis ont relevé les droits compensateurs appliqués aux produits en bois transformé de 0 % à 20 %, de nombreuses entreprises de Hô Chi Minh‑Ville ont été prises de court. Mais rapidement, elles ont mis en place des solutions adaptatives pour maintenir leurs marchés et préserver leurs marges.
Huynh Le Dai Thang, directeur de la société Nghia Son Furniture Co., Ltd., explique que jusque‑là, la plupart des entreprises vietnamiennes du bois vendaient principalement en B2B (d’entreprise à entreprise). Face à un resserrement des prix imposé par les importateurs, le producteur se retrouvait réduit à un simple sous‑traitant, sans marque propre.
C’est pourquoi Nghia Sơn a investi dans le design et la construction de sa marque pour élargir ses marchés d’exportation sur des plateformes comme Amazon, Walmart et Wayfair.
Selon M. Thang, en 2025 l’entreprise a exporté plus de 1 000 conteneurs de meubles, dont les ventes à travers le commerce électronique ont augmenté de 40 % par rapport à l’année précédente. Les produits vendus sur ces canaux représentent 15 % du chiffre d’affaires, un taux qui devrait atteindre 30 % en 2026. La société dispose déjà de commandes jusqu’en mai 2026, le marché américain restant le plus important.
« Avec le commerce électronique, nous avons une équipe de design très performante. Chaque année, nous lançons plus de 30 nouveaux produits pour nos clients, ce qui nous aide à gagner des parts de marché et à accroître nos revenus. Toutefois, pour concevoir des produits qui correspondent aux goûts des consommateurs, il faut bien comprendre leurs attentes, participer à de nombreux salons et foires internationaux… Cela implique d’aller aux États‑Unis pour étudier le marché et investir massivement », a déclaré M. Thang.
Une adaptation stratégique
La société Sao Nam Trading and Manufacturing Co., Ltd. a également mis en place des mesures flexibles face à la conjoncture difficile, notamment sur le marché américain. Mme Do Thi Kim Loan, directrice générale de l’entreprise, a indiqué qu’auparavant, l’entreprise vendait peu de produits avec des marges élevées, mais qu’elle avait désormais choisi de vendre davantage avec des marges plus faibles. Parallèlement, la société adapte ses produits exportés, tels que les revêtements de sol et les meubles, aux demandes spécifiques des constructeurs résidentiels, réduisant ainsi les coûts d’entrée.
Les entreprises du secteur ont aussi renforcé leur coopération pour répondre à des commandes importantes, assurer une livraison rapide et réduire les frais.
« Les difficultés ont créé l’opportunité de nous relier entre fabricants dans la chaîne du bois : par exemple, une entreprise fait les accoudoirs, une autre le dossier, une autre encore l’assise et les pieds… Ainsi, quatre personnes peuvent assembler une chaise. Si une seule entreprise devait tout faire, ce serait long et impossible à grande échelle. Nous devons nous connecter pour réussir », a expliqué Mme Loan.
Faire de Hô Chi Minh‑Ville un centre mondial d’exportation de meubles en bois
Après la fusion administrative, la valeur des exportations de meubles en bois de Hô Chi Minh‑Ville devrait dépasser 8 milliards de dollars par an. La ville prévoit de développer un programme visant à en faire un pôle mondial d’exportation de meubles en bois. L’enjeu principal pour les entreprises est désormais d’augmenter la valeur ajoutée de leurs produits.
Nguyen Chanh Phuong, vice‑président de l’Association de l’artisanat et de la transformation du bois de Hô Chi Minh‑Ville (HAWA), a déclaré que, bien que le Vietnam soit fort dans la production de meubles, le design et le développement de marques restent faibles. Il s’agit d’une étape essentielle, notamment pour l’exportation par les plateformes de commerce électronique. En effet, dans le commerce en ligne, les entreprises ne peuvent pas copier des designs ou des marques d’autres sociétés. Pour que les clients les reconnaissent, elles doivent posséder leurs propres designs et marques, puis progressivement développer leurs propres réseaux de distribution.
« Nous devons disposer de réseaux de distribution propres. Les nouvelles entreprises utiliseront d’abord les canaux de distribution de tiers. Mais pour un développement durable, il faut pouvoir compter sur ses propres réseaux. Sinon, les coûts seront trop élevés. C’est pourquoi les entreprises doivent coopérer pour bâtir des réseaux de distribution allant du marché domestique vers l’étranger. Le secteur du bois verra émerger de nouvelles entreprises spécialisées dans ces fonctions », a ajouté M. Phuong.
Actuellement, l’industrie mondiale du bois fait face à des difficultés, notamment avec la possibilité que les États‑Unis appliquent des taxes selon l’article 232 du Trade Expansion Act de 1974. Les entreprises espèrent à la fois des résultats positifs dans les négociations fiscales entre le Vietnam et les États‑Unis, tout en se réorganisant pour poursuivre leurs activités de manière rentable en 2026.