Dans la province d’An Giang, au sud du Vietnam, l’île de Cu Lao Gieng s’impose comme un nouveau moteur de l’exportation de mangues vietnamiennes. Grâce à la mise en place de cultures certifiées VietGAP et GlobalGAP, les producteurs locaux accèdent aujourd’hui aux marchés les plus exigeants : Chine, États-Unis, République de Corée, Australie, Nouvelle-Zélande et bientôt Europe.
Une croissance rapide
Sur les 12 320 hectares de manguiers de la province, 6 400 hectares sont concentrés dans le district de Cho Moi, dont plus de 4 000 sur l’île de Cu Lao Gieng. « En 2000, les premières plantations de la variété « trois couleurs » ont permis de multiplier les revenus agricoles par cinq à dix par rapport au riz », se rappelle Le Quang Dien, ancien président de l’Association locale des agriculteurs.
En 2015, la commune de Binh Phuoc Xuan a été la première à obtenir la certification VietGAP. Depuis, près de 1 100 hectares certifiés ont contribué à un essor rapide des exportations.
Au premier semestre 2025, la production de mangues de Cu Lao Gieng a atteint 19 494 tonnes, avec un prix moyen de 9 288 VND/kg (environ 0,34 euro), en hausse de 9 % sur un an. Mais les membres de la coopérative GAP Cu Lao Gieng bénéficient d’un contrat à 15 000 VND/kg (0,55 euro).
« Avec la coopérative, je ne dépends plus du marché et je peux me concentrer sur la qualité des fruits », explique Phan Van Khanh, producteur de Binh Phuoc Xuan, qui cultive 1 600 manguiers sous contrat de pré-saison.
Une stratégie tournée vers l’export
Fondée fin 2020, la coopérative compte aujourd’hui 51 membres officiels et 243 partenaires sur près de 300 hectares. Elle a exporté plus de 2 000 tonnes de mangues au cours des derniers mois, tout en écoulant 4 000 tonnes sur le marché domestique.
« Nous avons obtenu la certification VietGAP sur 230 hectares et GlobalGAP sur 50 hectares. Nous visons désormais le marché européen », précise Nguyen Minh Hien, président de la coopérative. Les mangues de la coopérative bénéficient par ailleurs du label OCOP 3 étoiles, marqueur de qualité au Vietnam.
Moderniser l’agriculture locale
Malgré ces progrès, le potentiel reste sous-exploité. « Produire selon les standards internationaux demande un savoir-faire technique que tous les agriculteurs ne maîtrisent pas encore », observe Nguyen Thi Ngoc Tham, technicienne agricole.
Pour accompagner cette montée en gamme, la province d’An Giang a lancé plusieurs programmes, dont un plan de restructuration de l’agriculture à l’horizon 2030 et un projet de conversion des rizières à faible rendement vers les cultures fruitières.
Les efforts d’exportation vers les marchés premium — États-Unis, Australie, République de Corée — ont nécessité plus de dix ans de négociations. Les exigences portent autant sur les résidus de pesticides que sur la traçabilité ou les traitements post-récolte.
Les autorités locales encouragent aujourd’hui l’élargissement des coopératives, l’adoption de pratiques bio et l’intégration du e-commerce. « Nous voulons que nos mangues ne soient pas seulement vendues, mais valorisées sur les marchés les plus exigeants », conclut Nguyen Minh Hien.