Avec seulement huit foyers engagés dans le tourisme communautaire, l’îlot Ho s’est imposé comme une touche de fraîcheur dans la mosaïque multicolore du delta du Mékong.
Ici, les habitants vivent en harmonie avec la nature et exploitent l’énergie solaire.
C’est précisément cette simplicité authentique, cette convivialité spontanée et cette manière de faire du tourisme à la fois naturelle, modeste, mais très professionnelle qui ont fait de l’îlot Ho un modèle emblématique de « tourisme autonome », qui séduisent les visiteurs par son originalité.
Un village verdoyant au cœur de la rivière Co Chien
L'îlot, formé naturellement par les alluvions de la rivière Co Chien (autrefois rattaché à la province de Tra Vinh, aujourd’hui à la province de Vinh Long), couvre environ 25 hectares.
Les alluvions de Co Chien s'y déposent tout au long de l'année, conférant à l'îlot une vitalité généreuse : arbres fruitiers abondants, jardins verdoyants, un tableau rural paisible où quiconque pose le pied ressent aussitôt la douceur du lieu.
Pour rejoindre l’îlot Ho, il faut dix minutes de bateau.
À peine accosté, les femmes locales qui portent l'ao ba ba et khăn rằn (écharpe à carreaux traditionnelle du Vietnam du Sud) se tiennent déjà au bord de l’eau, offrant une petite fleur tressée en feuille de cocotier et un sourire chaleureux.
Depuis qu’elles se sont lancées dans le tourisme, elles portent fièrement l’ao ba ba aux couleurs vives : simple, mais éclatante, à l’image de l’îlot lui-même.
L’oncle Hai Nguyen, de son vrai nom Huynh Van Nguyen, chef du groupe coopératif gérant le site écotouristique de l’îlot Ho, sert des tasses de thé aux fleurs de pois papillon pour accueillir les visiteurs en évoquant le passé : « autrefois, le fleuve regorgeait de poissons Ho. À la saison, les pêcheurs se rassemblaient ici pour jeter leurs filets. Il leur arrivait de prendre des poissons de plus de cent kilos. Aujourd'hui, le poisson Ho a disparu de la rivière Co Chien, mais le nom “l'îlot Ca Ho”, abrégé plus tard en “l'îlot Ho”, est resté à jamais. »
Actuellement, l'îlot Ho compte 21 foyers, dont huit impliqués dans le tourisme communautaire.
Le modèle a démarré en octobre 2020, mais l’arrivée soudaine du Covid-19 a obligé les habitants à suspendre l’accueil afin de poursuivre leur apprentissage d’un tourisme plus durable et plus professionnel.
En 2021, l'îlot Ho a rouvert ses portes aux petits groupes en quête d’authenticité et d’un contact direct avec la nature.
Les allées sont recouvertes de tapis de fibre de cocotiers, limitant les glissades en saison des crues et maintenant la propreté du village. Une fois dégradée, la fibre se transforme en engrais naturel, enrichissant la terre.
Ici, les déchets plastiques sont presque inexistants. Tout concourt à créer un espace serein, empreint d’esprit rural, un havre que les voyageurs, surtout étrangers, recherchent de plus en plus pour « revenir à la nature ».
Des expériences simples, mais inoubliables
À dix minutes seulement du rivage, la vie à l'îlot Ho semble pourtant éloignée du tumulte urbain. Le jour, les habitants utilisent des lampes solaires ; la nuit, ils s’éclairent à la lampe à pétrole.
« Sans électricité, c’est toujours lumineux, toujours joyeux », confie Ho Thi Loan, habitante et guide locale, les yeux brillants de fierté.
Pendant la saison des hautes eaux (de septembre à décembre), les visiteurs étrangers sont très nombreux.
Ils peuvent pagayer sur les canaux, savourer la cuisine du verger, discuter ensemble à la lueur des lampes à pétrole. Certains souhaitent même rester jusqu’à tard pour profiter du silence nocturne de la vie rurale.
Selon Nguyen Thi Ngoc Dung, directrice adjointe du Service de la Culture, des Sports et du Tourisme de Vinh Long, l'îlot Ho développe un modèle de « tourisme autonome », où chaque foyer propose son propre service ou produit pour accueillir les visiteurs.
En faisant le tour de l’îlot, d’une distance d’environ 1,2 km seulement, les visiteurs peuvent visiter chaque maison et vivre des expériences différentes.
Chez l’oncle Hai Nguyen, on sert du thé aux fleurs de pois papillon, des cacahuètes grillées, et on raconte des récits sur la terre et les habitants de l’îlot Ho.
Chez Ba Kiet, les visiteurs peuvent savourer les œufs de poule enveloppés d’argile et grillés dans la paille, un mets unique en son genre.
Chez Ba Khai, les visiteurs sont invités à déguster des confiseries maison à base de fruits du jardin.
La maison de Tu Khen attire les visiteurs avec l’espace de la cuisine traditionnelle typique des habitants locaux.
À la distillerie de Tu Lap, les visiteurs peuvent découvrir le processus de fabrication de l’alcool local.
Chez Vu Minh, les visiteurs peuvent assister aux jeux de combat de coqs, faire une balade en barque sous les pamplemoussiers, et savourer des eaux de coco fraîche et sucrée.
Enfin, chez Hai Trai, les visiteurs pourront se faire un bain de pieds aux herbes médicinales, principalement composées de feuilles et plantes du jardin comme des écorces de pamplemousse, de la citronnelle…
Chaque foyer a sa spécialité, mais tous partagent le même hospitalité et fierté de leur terre natale.
Ho Thi Loan partage avec les touristes : « Depuis que nous faisons du tourisme, la vie est plus joyeuse à l’îlot Ho, et les familles ont de meilleurs revenus. Nous avons accueilli des visiteurs de plus de vingt pays. Les gens d’ici ont aussi appris beaucoup de compétences pour recevoir les touristes. »
Nguyen Thanh Mai, une voyageuse venue de Hanoï, ajoute : « le tourisme de l’îlot Ho offre une vraie valeur spirituelle et émotionnelle. Ici, on se sent apaisé, comme guéri, retrouvant un équilibre après les tourments du quotidien. »
Selon Truong Quoc Hung, président du Club de voyage UNESCO Hanoi, l’îlot Ho est un modèle exemplaire de tourisme communautaire, riche de l’identité du Sud-Ouest, à la fois simple et singulier.
C’est l’un des lieux que les visiteurs étrangers gardent en mémoire lorsqu’ils viennent à Vinh Long.