Un potentiel abondant et une première étape vers la normalisation de la qualité
Le pays a mis en place un réseau de conservation des ressources génétiques et de centres de recherche sur les plantes médicinales répartis sur l’ensemble du territoire, préservant 1 531 ressources génétiques appartenant à 884 espèces de plantes médicinales, dont de nombreuses espèces endémiques et précieuses, telles que le ginseng Ngoc Linh.
Selon le Dr Tran Minh Ngoc, directeur adjoint du Département de gestion de la médecine traditionnelle et de la pharmacopée du ministère vietnamien de la Santé, le Vietnam a progressivement bâti un système national de conservation et de recherche couvrant différentes zones écologiques.
La superficie totale dédiée aux plantes médicinales dans tout le pays atteint 357 178 hectares, dont 220 178 hectares cultivés sous couvert forestier, illustrant un modèle de développement durable associé à la protection des forêts.
La standardisation de la qualité a enregistré des résultats positifs : plus de 150 procédures techniques de culture, de soin et de transformation ont été élaborées et publiées.
En particulier, l’application de la norme GACP-WHO (Good Agricultural and Collection Practices – Organisation mondiale de la santé) s’accélère, avec 76 zones de culture déjà certifiées par le ministère de la Santé.
M. Ngoc souligne également que le marché pharmaceutique vietnamien est le deuxième plus important d’Asie du Sud-Est, ouvrant de vastes perspectives pour le développement local et les exportations.
Mécanismes et politiques : un levier stratégique
Le développement de la filière des plantes médicinales est une mission stratégique bénéficiant d’une attention particulière du Parti et de l’État.
Les Résolutions n°20 (2017) et n°81 (2023) fixent clairement l’objectif de promouvoir la culture des plantes médicinales rares, de créer des zones de production concentrées, de renforcer les chaînes de valeur et de réduire la dépendance aux importations.
Le gouvernement a également introduit de nombreuses politiques incitatives, notamment des crédits préférentiels pour l’investissement et des aides au développement des zones de culture de plantes médicinales rares.
Selon le Dr Tran Minh Ngoc, c’est la première fois que le développement des plantes médicinales bénéficie d’un financement public et de mécanismes de crédit à travers le Programme national cible pour le développement socio-économique des régions montagneuses et des minorités ethniques, dont l’objectif est de former des chaînes de valeur et de contribuer durablement à la réduction de la pauvreté.
Ces mécanismes visent à mobiliser les acteurs économiques pour investir dans la culture, la transformation primaire, la transformation avancée et la conservation des plantes médicinales.
Les limites à surmonter et les orientations à venir
Malgré des politiques de soutien et un potentiel considérable, le secteur vietnamien des plantes médicinales fait face à plusieurs défis structurels :
une production encore morcelée et spontanée, un manque de coordination régionale et de chaînes de valeur intégrées, ainsi qu’une capacité limitée de transformation approfondie faute d’investissement technologique, ce qui rend les produits peu compétitifs sur les marchés internationaux.
Pour surmonter ces difficultés, les orientations de développement doivent se concentrer sur:
- Amélioration des politiques et des mécanismes afin d’encourager la participation de grands groupes et entreprises dans la création de zones de culture centralisées conformes à la norme GACP-WHO;
- Renforcement de la recherche scientifique et technologique pour améliorer la qualité des semences, optimiser les processus de culture et de transformation avancée, en vue d’obtenir des produits répondant aux normes GMP-WHO (Good Manufacturing Practices);
- Intensification de la promotion commerciale, la construction et la valorisation de la marque des plantes médicinales vietnamiennes sur la scène internationale.
