« Lutte contre la pollution plastique » est le thème sélectionné par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin 2025.
Ce choix vise à appeler à une action urgente pour contrôler l’ensemble du cycle de vie du plastique, depuis sa conception, sa production, sa consommation jusqu’à sa collecte et son recyclage.
Concernant la problématique mondiale des déchets plastiques, Madame Inger Andersen, secrétaire générale adjointe de l’ONU et directrice exécutive du PNUE, a averti que la pollution plastique progresse à un rythme alarmant, menaçant gravement les écosystèmes et affectant directement la santé humaine. « Où que nous vivions sur Terre, nous sommes tous touchés par les déchets plastiques », a-t-elle déclaré.
Selon le PNUE, sans mesures efficaces, les rejets de plastique dans l’environnement pourraient augmenter de 50 % d’ici 2040.
Chaque année, environ 430 millions de tonnes de plastique sont produites dans le monde, dont plus des deux tiers sont à usage unique. Seule une petite partie est recyclée ; le reste est incinéré ou mis en décharge, causant de lourdes conséquences pour l’environnement, les écosystèmes et la santé humaine.
Les microplastiques sont désormais présents dans les aliments, l’eau potable et l’air, créant de grands risques pour la santé publique et l’environnement naturel.
Face à cette situation, le PNUE propose la mise en place d’un traité mondial juridiquement contraignant pour éradiquer la pollution plastique.
Ce traité couvrira tout le cycle de vie du produit, en promouvant une conception durable, en limitant au maximum le plastique à usage unique et en renforçant le recyclage. Plus de 170 pays participent aux négociations avec l’objectif d’aboutir à un accord en 2025.

Les effets de la pollution plastique sont particulièrement visibles dans de nombreux pays en développement, dont le Vietnam.
On estime que le pays génère environ 1,8 millions de tonnes de déchets plastiques par an, dont une grande partie n’est ni collectée ni traitée correctement, notamment dans les zones urbaines côtières et densément peuplées.
Pour remédier à ce problème, le gouvernement vietnamien a adopté en 2022 une stratégie nationale de gestion intégrée des déchets plastiques. L’objectif est de réduire en 2030 de 75 % les déchets plastiques marins et d’éliminer complètement les sacs plastiques non biodégradables dans les réseaux de distribution modernes.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement (5 juin), une cérémonie a été organisée à Quang Ninh, accompagnée de nombreuses activités concrètes : campagnes de nettoyage des plages, conférences sur l’économie circulaire et les modèles de recyclage, ainsi que des programmes de sensibilisation communautaire pour réduire l’usage du plastique à usage unique.
D’après les experts sur l’environnement, un changement dans les comportements de consommation est essentiel, mais il doit être accompagné de politiques de soutien aux entreprises, d’investissements dans des systèmes de collecte et de recyclage, ainsi que d’une gouvernance cohérente des déchets.
Le PNUE joue aujourd’hui un rôle central de coordination au sein des Nations Unies en matière d’environnement, en apportant un appui technique, financier et stratégique aux pays en développement.
Au Vietnam, le PNUE a soutenu la mise en œuvre de modèles de tri à la source, la modernisation des infrastructures de traitement des déchets et la sensibilisation du public à la protection de l’environnement.

Avec l’approbation de la Loi sur la protection de l’environnement en 2020, le Vietnam a déterminé une nouvelle approche : au lieu de se limiter aux méthodes traditionnelles coûteuses et obsolètes de collecte et de traitement, le pays mise désormais sur la réutilisation, le recyclage et l’éco-conception.
Un élément clé de cette politique est le mécanisme de responsabilité élargie des producteurs (REP), qui oblige les entreprises à prendre en charge la gestion des produits après consommation.
Bien que sa mise en œuvre soit complexe, cette réforme marque un tournant décisif pour prolonger la durée de vie des matériaux et changer les comportements de consommation, dans le but de réduire la pollution plastique.
Ces transformations commencent à se concrétiser dans certaines entreprises et localités. Des grandes cités urbaines comme Hai Phong, Quang Ninh, Da Nang, Binh Duong ou Ho Chi Minh-Ville expérimentent le tri à la source, le développement de « marchés verts » et de zones urbaines sans plastique.
Certaines entreprises se tournent vers des biomatériaux et des emballages recyclés, dans une perspective d’économie circulaire.
À Quang Ninh, les programmes « Baie d’Ha Long sans déchets plastiques » et « Co To sans plastique » ont permis de remplacer plus de 98 % des bouées en polystyrène - un déchet particulièrement polluant - par des bouées en plastique HDPE, plus respectueuses de l’environnement, avec un impact positif au niveau local.
La lutte contre la pollution plastique est un effort collectif. Aucun acteur ne peut agir seul. L’État ne peut réussir si les entreprises continuent à produire du plastique à usage unique de manière incontrôlée ; les entreprises ne peuvent progresser si les consommateurs ne choisissent pas des produits durables ; les citoyens ne peuvent changer sans information ni soutien.
La lutte contre les déchets plastiques ne doit pas être un mouvement temporaire, mais une transition vers une culture de consommation responsable, une production durable et des politiques publiques souples et adaptables.
Tant qu’un choix est encore possible, il est temps d’agir fermement contre le plastique à usage unique.
Une simple action comme emporter un sac en tissu au marché ou refuser une paille en plastique peut constituer un premier pas décisif.

Pour les entreprises, pensez à de nouvelles gammes de produits, où le « vert » n'est pas seulement une couleur, mais aussi un engagement pour l'avenir.
Le fait que le PNUE ait choisi le thème de la pollution plastique deux fois en trois ans montre l’urgence de la situation et l’appel pressant à l’action.
Par ailleurs, le Vietnam a adopté plusieurs politiques ambitieuses, notamment la Loi sur la protection de l’environnement en 2020, qui introduit pour la première fois la notion d’« économie circulaire » dans les lois, ainsi que des décrets concernant le tri des déchets à la source, la tarification des déchets en fonction de leur volume et la REP.
Des documents stratégiques comme la décision 687/QD-TTg (2022) et le Plan d’action national selon la décision 222/QD-TTg (2025) fixent des objectifs clairs : réduire l’exploitation des ressources non renouvelables, accroître l’efficacité des matériaux, économiser l’énergie et promouvoir une consommation durable.
Certaines zones industrielles dans les provinces de Bac Ninh et de Dong Nai, expérimentent des modèles d’économie circulaire pour les déchets.
Cependant, des obstacles persistent : infrastructures inadaptées, faible priorité accordée à l’économie circulaire au niveau local, manque d’accès au financement vert pour les PME, et une certaine indifférence du grand public.
Selon le Dr Hoang Van Thuc, directeur du Département de l’environnement au ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, la pollution plastique n’est pas la faute du plastique en soi, mais celle de notre manière de l’utiliser et de l’éliminer.
Une bouteille plastique abandonnée dans la nature peut subsister 500 ans, mais si elle est recyclée ou traitée correctement, elle peut redevenir une ressource.