Un vrai renouveau pour ce patrimoine vivant, qui continue d'évoluer et de séduire de nouvelles générations.
Le 30 septembre 2009, le « quan ho » de la province de Bac Ninh (au nord du Vietnam) était officiellement reconnu par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel. Grâce aux efforts conjoints de la population et des autorités locales, cet art traditionnel s’est profondément enraciné au sein de la communauté. Il est désormais un symbole culturel de Bac Ninh et joue également le rôle d’ ambassadeur culturel du Vietnam à l’international.

Le « quan ho » rayonne d'une vitalité nouvelle
Le chant populaire « quan ho » a un impact évident sur la vie quotidienne. Sa quintessence réside dans son style distinctif, marqué par une technique vocale raffinée, des pratiques sociales spécifiques et une manière de chanter inimitable.
Ses mélodies douces, sincères, lyriques et pures aux paroles raffinées, joyeuses, sentimentales et empreintes de philosophie, sont faciles à mémoriser, à retenir et à entrer dans le cœur des spectateurs. À cela s'ajoute l'élégance des costumes des pratiquants, qu'ils soient chanteurs ou musiciens.
Le « quan ho » accompagne les habitants de Bac Ninh dès leur enfance, mais ceux d'autres localités peuvent aussi en fredonner quelques couplets…
Ce chant populaire, qui conserve ses racines traditionnelles, s’est enrichi au fil du temps. Au-delà de la coutume d'invitation au bétel et des chants sur les bateaux, il exprime aujourd'hui des confidences plus intimes et des invitations à découvrir toute la richesse de Bac Ninh, une terre chargée d'histoire et de potentialités.
Alors que d’autres arts traditionnels résistent difficilement aux tempêtes de la modernité, le « quan ho », lui, a toujours tenu bon. De nombreuses initiatives ont été mises en place pour préserver, valoriser et assurer la pérennité de cet art unique, ainsi que pour le transmettre aux générations futures.


Récemment, en juillet dernier, un cours spécial appelé « Quan ho intern » a été organisé tous les dimanches dans la maison communale de Dinh Bang (district de Tu Son, province de Bac Ninh), attirant la participation de nombreux jeunes.
Ce cours avait non seulement pour but de préserver un art traditionnel, mais également de garder une part de l’âme vietnamienne au sein de la jeunesse. Il a permis aux jeunes de mieux comprendre et de savoir préserver les racines culturelles nationales.
Depuis longtemps, la maison communale de Dinh Bang est considérée comme un lieu de conservation de la mémoire culturelle des habitants du Kinh Bac, ancien nom d’une région situé sur les rives de la rivière Câu au Nord, englobant la totalité des provinces de Bac Giang, Bac Ninh et une petite partie des localités voisines. C’est aussi le berceau du chant « quan ho ».
Nguyen Anh Tuan, fondateur du projet « Quan ho intern », a fait savoir : « Le quan ho n’est pas qu’un simple chant, c’est un art de vivre raffiné, un sens du rituel et une philosophie de la beauté. C’est difficile de transmettre cet héritage culturel à travers un écran d'ordinateur ou de téléphone. C’est pourquoi j’ai choisi une approche immersive, en transformant le cours de quan ho en un espace de rencontre à la fois joyeux et riche en culture ».
Le cours de « Quan ho intern » est conçu comme un véritable atelier vivant. Chaque séance aborde un sujet spécifique, avec une structure claire de la théorie à la pratique, permettant aux participants de s’initier progressivement à l’univers du « quan ho ».
Outre le chant, les participants ont l’occasion d’apprendre à porter les habits traditionnels, à préparer des bétels en forme d'ailes de phénix, à nouer le foulard « mỏ quạ », et surtout à comprendre le sens profond de chaque geste et rituel dans l’art du « quan ho ».
Le cours est guidé par des chanteurs chevronnés, qui œuvrent chaque jour pour transmettre leur passion et leur savoir aux jeunes générations. « Nous souhaitons que nos élèves puissent préserver cet art ancestral. Ce n’est pas seulement une activité de chant, mais aussi une occasion pour eux de développer des compétences sociales ».

Quand le « quan ho » éveille les jeunes générations au patrimoine vivant
Le cours de « Quan ho intern » a rassemblé non seulement des jeunes originaires de la province de Bac Ninh, mais aussi de ceux venus de régions lointaines comme Nam Dinh, Dak Lak ou Hô Chi Minh-Ville. Tous sont unis par un amour commun pour la culture traditionnelle, au-delà des différences géographiques ou sociales.
Bui Quang Huy, 23 ans, venu de la province de Dak Lak (dans les hauts plateaux du centre), en est un exemple vivant. N’ayant jamais chanté de musique folklorique auparavant, il découvre le « quan ho » par hasard sur les réseaux sociaux.
Il a décidé de s’inscrire au cours de « Quan ho intern » avec l'idée initiale d'essayer ce type d’art traditionel. Mais finalement, grâce à ce cours, il a pu véritablement ouvrir son cœur et avoir des expériences enrichissantes.
« Apprendre à préparer des feuilles de bétel ou à nouer le foulard m’a fait admirer davantage la finesse et l’élégance de cet art populaire. Même dans les moindres détails, on perçoit une véritable philosophie de vie, comme ce foulard noué en forme du caractère Nhân (humanité), un rappel des ancêtres à vivre avec bonté. La culture populaire est donc le moyen de perpétuer les valeurs humaines et les belles traditions dans le cœur des Vietnamiens », a confié Bui Quang Huy.


Pour ceux qui ont grandi dans les mélodies du chant « quan ho », le cours est une bonne occasion de redécouvrir cet héritage avec un regard plus mature.
Tran Thu Hang, 18 ans, une jeune originaire du Kinh Bac, a partagé : « Avant, j’aimais le quan ho pour ses mélodies captivantes. Mais grâce aux explications des maîtres chanteurs, j’ai compris toute la richesse culturelle et la profondeur humaine qu’il porte. Chaque parole, chaque formule de politesse contient une part de tradition des Vietnamiens. Seule une transmission à la source permet de l’appréhender pleinement ».
Selon l’artiste Huu Duy, vice-directeur de la troupe artistique no 2 du théâtre de quan ho de Bac Ninh, le « quan ho » est bien plus qu’un chant, c’est une manière de transmettre les valeurs traditionnelles, la convivialité et l’hospitalité du peuple vietnamien.
Avec plus de 20 ans d'attachement au chant « quan ho », l’artiste Huu Duy transmet non seulement les mélodies populaires, mais aussi l’art de vivre qui les accompagne.
« Le chant folklorique, c’est comme une pluie fine : il faut écouter et chanter beaucoup pour s'imprégner de la couleur du quan ho. Je suis convaincu que de plus en plus de jeunes aiment la culture traditionnelle. Il existe de nombreuses façons pour rapprocher les chants populaires comme celui de quan ho du grand public, même sur les plateformes numériques », a indiqué l’artiste Huu Duy.

Le « quan ho » de Bac Ninh s’est largement diffusé à travers de nombreuses localités, provinces et villes du pays, transcendant les limites de l’espace et du temps pour devenir un « ambassadeur » culturel du Vietnam, tant sur le plan national qu’international.
Ses mélodies douces, ses paroles raffinées et empreintes de philosophie, ainsi que l’élégance de ses costumes, continuent de refléter et d’affirmer l’identité culturelle vietnamienne.
Plus de quinze ans après son inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par l’UNESCO, le « quan ho » s’est imposé comme une composante essentielle de la vie spirituelle des Vietnamiens.
Les efforts de préservation et de valorisation ont largement dépassé les attentes et les engagements pris par le Vietnam envers l’UNESCO.
Dans les temps à venir, la province de Bac Ninh continuera de mettre l’accent sur la promotion de cet art vocal, en protégeant ses valeurs traditionnelles et son identité. La province s’efforcera de faire du « quan ho » un produit touristique emblématique et attractif, en élaborant un plan global de préservation pour les villages pratiquants. Par ailleurs, elle s’engage à restaurer l’espace culturel traditionnel du « quan ho ».