Un rituel culturel singulier à Phu Tuc. Photo : NDEL.
Un rituel culturel singulier à Phu Tuc. Photo : NDEL.

Préserver et valoriser le patrimoine culturel à Phu Tuc

À la commune de Phu Tuc dans la province de Gia Lai, les échos des gongs, les pas gracieux de la danse xoang et les motifs chatoyants du tissage traditionnel continuent de résonner grâce à l’engagement de la communauté et au soutien constant des autorités locales.

Dans un contexte de modernisation et d’urbanisation croissante, la sauvegarde de l’identité culturelle des minorités ethniques s’impose comme une priorité à la fois stratégique et profondément humaine.

Une terre riche en traditions

Depuis la fusion de plusieurs communes pour former la nouvelle entité de Phu Tuc, le paysage culturel local s’est enrichi. Les Jarai, groupe ethnique majoritaire, perpétuent un héritage singulier lié aux gongs, aux danses et aux rituels communautaires.

La commune recense aujourd’hui 154 ensembles de gongs et 177 artisans. Parmi eux, l’artiste Nay Phai a été honoré du titre d’« Artisan émérite » par le Président de la République pour son savoir-faire unique dans l’art délicat de l’accord des gongs.

« Le son des gongs coule dans le sang des Jarai dès l’enfance. Chaque instrument a son âme propre », confie Ksor Kok, maître artisan du village de Sai.

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La cérémonie de prière pour la pluie du peuple Gia Rai à Phu Tuc.

Au-delà de la musique, c’est tout un univers de croyances et de savoirs qui s’exprime lors des grandes cérémonies : rituels funéraires, fêtes de la nouvelle récolte, cultes des ancêtres ou célébrations communautaires. Le tissage, la sculpture sur bois, le chant populaire et l’artisanat du bambou trouvent également leur place dans la vie quotidienne.

Une culture au service du développement

Phu Tuc ne se limite pas à la préservation : la commune mise aussi sur la valorisation de son patrimoine pour développer le tourisme communautaire et durable. Les festivals, concours et rencontres culturelles, notamment le Festival des gongs du Tay Nguyen ou la Journée de la culture des ethnies de Gia Lai, deviennent des vitrines vivantes du territoire.

« Préserver la culture est une mission permanente, étroitement liée à l’éducation des jeunes générations », souligne Tran Van Luong, vice-président permanent du comité populaire communal. « Sans les porteurs de traditions, la culture disparaît. Notre objectif est donc d’honorer les artisans, tout en reliant culture et développement économique local. »

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Le tambour et l’art de sa fabrication, éléments incontournables de la culture du village Mlah, commune de Phu Tuc.

À l’échelle nationale, plusieurs artistes de Phu Tuc participent aux activités du Village culturel des ethnies du Vietnam à Dong Mo (en banlieue de la capitale Hanoï du Vietnam), comme Siu Muk, joueur de gongs et chanteur, qui fait découvrir la culture jarai aux visiteurs du monde entier.

Des défis persistants

Malgré ces avancées, les obstacles demeurent : budgets limités, manque de personnel spécialisé et désintérêt croissant d’une partie de la jeunesse. La pression de la société de consommation et l’attrait des cultures modernes menacent l’équilibre fragile entre tradition et modernité.

Pour y faire face, la commune entend renforcer la transmission à travers l’école et les activités de jeunesse, tout en sollicitant davantage de financements publics et privés. L’objectif est clair : transformer certaines fêtes traditionnelles en produits culturels et touristiques durables, créateurs de revenus pour les habitants.

Dans les villages reculés de Tay Nguyen (Hauts Plateaux du Centre), les gongs résonnent encore comme le battement de cœur des montagnes. À Phu Tuc, l’engagement des artisans et la vitalité des communautés témoignent d’une volonté tenace : préserver une identité culturelle qui, loin d’appartenir au passé, nourrit l’avenir et s’affirme comme un patrimoine partagé de la nation vietnamienne.

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