Très tôt un matin de la fin du mois de février, deux Français sont venus pour nous demander de l’aide. Ils voulaient rechercher leurs proches au Vietnam. Le père, âgé de plus de 70 ans, M. Guy Pacini, était né 1945 à Saigon (actuellement Hô Chi Minh-Ville).
Après avoir effectué un long trajet depuis la Corse (en France), où il vit depuis 1954, il est retourné au pays natal de sa grand-mère,qui est aussi sa terre de naissance.
Sa grand-mère s’appellait Nguyên Thi Rua, née en 1891, à Phuong Lung (Kiên An), fille de Nguyên Van Mo et Trân Thi Vu. Selon les informations qu’il avait, sa grand-mère devait avoir une sœur qui s’est aussi mariée avec un Français.
Il nous a fait part de sa motivation: «De ma naissance, en 1945... jusqu'en 1954, année du départ de notre famille en France, j'ai grandi et vécu au Vietnam, y ai apprécié les valeurs, les coutumes et les traditions dont beaucoup sont communes à la Corse. Toutes ces années passées au Vietnam, près de 10 ans, ont forgé ma vie, ma connaissance de ce pays.
À mon âge maintenant, me voici de retour, certes presque en touriste, mais avec infiniment de tendresse et d'attachement pour ce pays qui est aussi le mien. Mes racines y sont profondes, je suis certain d’y avoir encore de la famille puisque ma grand-mère avait des frères et sœurs. Ceux-ci ont dû avoir des enfants. Ces enfants descendent donc de l’union de Nguyên Van Mo et de Trân Thi Vu qui étaient domiciliés à Phuong Lung (Kiên An). J’aimerais tant les rencontrer!»
Il nous a montré les papiers et les photographies qu'il a apportés de Corse, qui étaient conservés précieusement: un document sur le mariage de ses grands-parents, une photo de sa grand-mère et de ses parents au Vietnam, la photo de l’ancienne maison de ses grand-parents à Hanoi et le certificat de propriété... En écoutant son histoire et en regardant dans ses yeux, nous comprenons son grand désir de trouver le reste de sa grande famille.
Certains photos qu’a apportés M. Pacini au Vietnam.
Pour les aider, nous avons pris contact avec les Comités populaires de Hanoi, le ministère des Affaires étrangères à Hanoi, la police du district Hoàn Kiêm, la compagnie ferroviaire du Vietnam, l’Ambassade de France, les Centres d’archives nationales. Au Centre d’Archives nationales I, nous avons trouvé l'adresse complète du lieu de naissance de Mme Nguyên Thi Rua. Après plusieurs changements, cette adresse est actuellement dans le quartier Hung Dao (arrondissement de Duong Kinh, ville portuaire de Hai Phong, au Nord-Est du Vietnam). Nous avons ensuite trouvé dans ce quartier la famille des Dông, dont ses membres Dông Khanh Toàn et Dông Thi Hông Hoàn (historienne), nous ont aidé à prendre contact avec Nguyên Van Khanh et Nguyên Van Ky, chargé de l’organisation de la grande famille Nguyên à l’ancien village de Phuong Lung, qui garde le livre de généalogie de la grande famille.
Après avoir établi à 90% que la bonne adresse avait été trouvée, M. Guy Pacini, son fils et nous sommes partis pour Hai Phong, après cinq jours de recherche. Les personnes mentionnées ci-dessus nous ont montré la généalogie. Mme Nguyên Thi Rua, la grand-mère de M. Pacini, avait un frère et deux sœurs, dont une s’est effectivement mariée avec un Français. Une importante information marquée: «les deux filles de Nguyên Van Mo et Trân Thi Vu se sont mariées avec des Français, et il n’y a plus de contacts». C’est à ce moment-là que les larmes d’émotion de M. Pacini sont tombées...
Moment d’émotion
Nous nous sommes immédiatement rendus à la maison de culte des Nguyên à Phuong Lung. C’est à ce moment-là que nous avons enfin rencontré M. Nguyên Van Phin et M. Nguyên Van Phen, neveux de Mme Nguyên Thi Rua. M. Phin, qui a plus de 80 ans, se souvenait encore qu’il était allé chez sa tante Rua à Hanoi, au 96 rue Gambetta, près de la gare de Hàng Co. Les trois cousins se sont embrassés, émus et heureux.
Retrouvailles des cousins.
M. Guy Pacini a ensuite rencontré les autres membres de la famille mais aussi certains villageois qui connaissent ses parents et grands-parents, offert de l’encens pour ses ancêtres, pris des repas intimes.
M. Guy Pacini est ensuite est allé au tombeau des ancêtres.
... Et a rencontré les autres membres de la famille.
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À la maison communale, il a rencontré une villageoise dont le père travaillait pour la famille de Mme Rua à Hanoi. La femme (1er, à gauche), âgée de plus de 80 ans, se souvenait encore des prénoms des parents de M. Pacini.
L'ambiance de réunion était merveilleuse. Ils se sont racontés des histoires racontées de génération en génération.
«Nous sommes très heureux d'accueillir finalement nos proches qui sont partis loin. Nos ancêtres nous ont parlé beaucoup d’eux, mais par manque d'informations, nous ne sommes pas parvenus à les trouver. Nous souhaitons que M. Pacini, ses frères et sœurs, sa femme et ses enfants restent en bonne santé, et gardent des souvenirs de cette rencontre. On continuera de rester en contact via Internet. S’ils reviennent à l’avenir, avec d’autres proches, nous serons toujours heureux de les accueillir.»
Repas intime entre famille.
Par trois fois durant deux jours, nous avons été les témoins des larmes d’émotion de M. Pacini. Cela nous montre la signification de la «famille», des proches. Nous apprécions hautement le fait qu’un homme qui n’oublie pas son pays de naissance, pays natal de sa grand-mère, y soit retourner après tant d’années. C’était la raison pour laquelle nous avons fait tout notre possible pour l’aider.
Les membres de la famille au Vietnam accompagnent M. Pacini et son fils à l’aéroport pour rentrer en France.
