Le dessin à la cire d’abeille, un savoir-faire ethnique à préserver

Dans le cadre du programme « Couleurs culturelles des groupes ethniques du Vietnam » au Village culturel et touristique des ethnies du Vietnam à Dông Mô, en banlieue de Hanoï, les visiteurs ont eu l’occasion de découvrir l’art d’imprimer des motifs avec de la cire d’abeille sur du tissu pour créer des costumes aux décorations uniques.
Depuis des générations, les femmes de Dao Tiên de la province montagneuse de Cao Bang (au Nord) sont chargées de la broderie des costumes traditionnels des membres de leurs familles. Ce métier artisanal est une caractéristique culturelle qui doit être préservée et promue. Photo: NDEL.
Depuis des générations, les femmes de Dao Tiên de la province montagneuse de Cao Bang (au Nord) sont chargées de la broderie des costumes traditionnels des membres de leurs familles. Ce métier artisanal est une caractéristique culturelle qui doit être préservée et promue. Photo: NDEL.

La création de motifs sur le tissu à l’aide de cire d’abeille est un artisanat ancestral des Dao Tiên de la province montagneuse de Cao Bang (au Nord). Il s’agit également d’un métier traditionnel qui est transmis de génération en génération.

Cet art est une technique des femmes de Dao Tiên de la province de Cao Bang. Avec leur habileté et leur créativité, les femmes de Dao Tiên utilisent de la cire d’abeille pour créer des motifs de décoration sur leurs produits artisanaux tels que les sacs à main, les portefeuilles, les foulards, les serviettes ou encore les vêtements.

Ayant commencé à apprendre ce métier dès l’âge de 11 ans, l’artisane Ban Thi Lien, domiciliée dans la commune de Hoai Khao, district de Nguyen Binh, province de Cao Bang, a partagé : « Nous avons dans notre village une grotte remplie d’abeilles que nous protégeons farouchement depuis des générations. La cire avec laquelle nous créons nos vêtements vient de là. Le processus est le suivant : on fait fondre de la cire en la chauffant et appose sur ce liquide des cadres en bambou portant des formes quadrilatères, rondes ou d’autres motifs de décoration. Ensuite, on transpose ces cadres sur du tissu pour l’imprimer. Après cette étape, on passe à la teinture du tissu, et une fois qu’on a obtenu la couleur voulue, on trempe le tissu dans de l’eau bouillante pour faire fondre la cire d’abeille, laissant apparaître les motifs imprimés. Puis, après cela, viennent les étapes de la couture et de la broderie ».

Selon Ban Thi Lien, le dessin est l’étape la plus ardue et la plus importante de la confection d’un habit des Dao Tiên, car il décide à la fois de l’esthétique et de la valeur matérielle. Ce travail exige habileté, minutie et patience. La dessinatrice doit impérativement se mettre à côté du feu pour pouvoir tremper son stylet dans de la cire d’abeille chaude. Ça lui prend facilement une semaine, voire plusieurs mois, pour dessiner sur un tissu suffisamment grand pour confectionner une jupe. Les dessins finis, le tissu sera bouilli, teinté à l’indigo et séché au soleil, avant de pouvoir servir à la confection.

Les costumes traditionnels des Dao Tiên sont confectionnés de manière très méticuleuse et raffinée, car ils sont faits à la main avec de nombreux motifs.

Les motifs de décoration brodés sur les vêtements des Dao Tiên retracent souvent des images de la nature et de la vie quotidienne (plantes, fleurs, oiseaux, champs en terrasse, etc.), exprimant le désir d’une vie prospère et heureuse. Ils reflètent non seulement la mode de vie de ce groupe ethnique, mais sont aussi leur source de fierté et d’amour pour la communauté. Ils sont peut-être le triangle, la spirale, la pièce de monnaie percée ou encore la croix. Mais chaque dessinatrice a sa propre façon de dessiner et peut donner libre cours à son imagination, a indiqué Ban Thi Lien.

Les Dao Tiên considèrent qu’enseigner l’art de l’impression sur tissu avec de la cire d’abeille aux jeunes générations est un moyen de préserver leur identité culturelle, a souligné Ban Thi Lien.

Selon la coutume, avant de se marier, les filles de Dao Tiên doivent savoir broder et coudre pour réaliser elles-mêmes leur robe de mariée. Ainsi, dès leur plus jeune âge, les jeunes filles apprennent à broder auprès de leurs mères et leurs grands-mères, des étapes simples aux étapes complexes, des détails à la teinture à l’indigo. En regardant ses vêtements, on peut savoir à quel point une femme est habile.

Avec leur habileté et leur créativité, les femmes de Dao Tiên utilisent de la cire d’abeille pour créer des motifs de décoration sur leurs produits artisanaux tels que les sacs à main, les portefeuilles, les foulards, les serviettes ou encore les vêtements. Photo: NDEL.
Avec leur habileté et leur créativité, les femmes de Dao Tiên utilisent de la cire d’abeille pour créer des motifs de décoration sur leurs produits artisanaux tels que les sacs à main, les portefeuilles, les foulards, les serviettes ou encore les vêtements. Photo: NDEL.

Pour préserver le métier artisanal traditionnel

L’impression sur tissu avec de la cire d’abeille est un métier artisanal traditionnel riche en valeurs historiques, culturelles et artistiques.

Afin que la beauté culturelle de leur ethnie ne se perde pas face à la vie moderne, les femmes de Dao Tiên de la province de Cao Bang portent une grande attention à l’enseignement du métier de broderie et de couture des costumes traditionnels à leurs descendantes. Elles sont déterminées à sauvegarder et à valoriser ce savoir-faire qui démontre leur habileté et leur délicatesse.

Les autorités de Cao Bang, quant à elles, ont mis en œuvre de nombreuses solutions pour encourager les femmes de Dao Tiên à transmettre leur savoir-faire aux jeunes, mais aussi à en faire une attraction pour faire venir les touristes. Cela contribuera au développement durable de ce métier artisanal traditionnel, ainsi qu’à la préservation de l’identité culturelle de l’ethnie Dao Tiên.

Aujourd’hui, les tissus comportant des dessins à la cire d’abeille ne servent plus uniquement de cadeaux entre proches, mais sont aussi devenus des souvenirs prisés des touristes. Une opportunité pour redonner une nouvelle jeunesse au métier ancestral et augmenter les revenus des habitants issus d’ethnies minoritaires.

La présentation de l’art traditionnel d’impression à la cire d’abeille sur les tissus des Dao Tiên au Village culturel et touristique des ethnies du Vietnam a attiré l'attention d'un grand nombre de visiteurs, en particulier des jeunes. Photo: NDEL.

La présentation de l’art traditionnel d’impression à la cire d’abeille sur les tissus des Dao Tiên au Village culturel et touristique des ethnies du Vietnam a attiré l'attention d'un grand nombre de visiteurs, en particulier des jeunes. Photo: NDEL.

Opportunités de découvrir la diversité cultuelle des ethnies minoritaires du Vietnam

La présentation de l’art traditionnel d’impression à la cire d’abeille sur les tissus des Dao Tiên au Village culturel et touristique des ethnies du Vietnam a attiré l'attention d'un grand nombre de visiteurs, en particulier des jeunes.

Lê Anh (20 ans, de l’arrondissement de Thanh Xuan, Hanoï) a confié : « Je me passionne toujours pour les cultures ethniques. Je suis vraiment impressionné par cette présentation, par la minutie du travail des artisans et par leur imagination. Cette technique est vraiment originale. Pour moi, préserver le patrimoine, c’est préserver les racines culturelles. J’espère que les jeunes actuels prêteront également attention à la préservation et à la promotion de la culture traditionnelle du pays ».

Toujours dans le cadre du programme « Couleurs culturelles des groupes ethniques du Vietnam », les visiteurs ont eu l’occasion de découvrir les particularités culturelles d’autres ethnies minoritaires du Vietnam comme : l’art du « khèn » (un instrument de musique) des H’Mông de la province de Cao Bang, la fabrication des bâtonnets d’encens chez l’ethnie Nùng, la cérémonie de prière pour la pluie chez l’ethnie Lô Lô, etc.

Les visiteurs ont également pu déguster des plats locaux typiques, participer à des jeux folkloriques, ou encore assister à des spectacles artistiques interprétés par des groupes ethniques de différentes régions à travers le Vietnam.

Ces activités visaient à honorer la Journée culturelle des ethnies du Vietnam (19 avril) et à promouvoir leurs valeurs culturelles traditionnelles.