Le RCEP insuffle un « nouvel élan » aux exportations de pangasius du Vietnam

Le RCEP apporte une dynamique nouvelle au pangasius vietnamien, contribuant à consolider la position du pays parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de produits de la mer.

Le RCEP insuffle un « nouvel élan » aux exportations de pangasius du Vietnam

Un moteur pour les exportations de pangasius
Selon les statistiques des Douanes, les exportations de pangasius du Vietnam ont atteint 200 millions de dollars en août 2025, soit une hausse de 5 % par rapport à la même période de 2024.

Sur les huit premiers mois de l’année, la valeur totale a dépassé 1,4 milliard de dollars, en progression de 10 % sur un an, traduisant une reprise positive du secteur malgré les fortes fluctuations du marché mondial des produits de la mer.
D’après l’Association vietnamienne de transformation et d’exportation des produits de la mer (VASEP), l’un des facteurs clés de cette croissance réside dans l’entrée en vigueur du Partenariat économique régional global (RCEP).

Les marchés du bloc, tels que la Chine et le Japon, demeurent des destinations stratégiques avec une demande variée allant des filets de pangasius surgelés aux produits transformés prêts à consommer.
Parallèlement, le marché de l’ASEAN confirme son rôle croissant dans les exportations de pangasius.

Sur les huit premiers mois de l’année, la Thaïlande a importé pour 52 millions de dollars (+31 % sur un an), tandis que les Philippines ont atteint 26 millions de dollars (+31 %). La Malaisie et Singapour affichent également une croissance stable.
Grâce à la proximité géographique, aux coûts logistiques compétitifs et aux similitudes dans les habitudes de consommation, l’ASEAN s’impose de plus en plus comme un marché clé pour le pangasius vietnamien.

Il permet aux entreprises de réduire leur dépendance vis-à-vis de partenaires lointains souvent associés à de nombreuses barrières techniques, tout en offrant une voie plus stable dans un contexte commercial mondial incertain.
Mme Le Hang, secrétaire générale adjointe de la VASEP, souligne qu’après plus de trois ans d’application, le RCEP est devenu un nouvel élan élargissant l’espace de développement de l’industrie halieutique vietnamienne.

Cet accord facilite une intégration plus poussée des entreprises dans les chaînes de valeur et de production régionales, renforçant ainsi la compétitivité des produits phares à l’exportation, dont le pangasius.
Selon Mme Hang, la demande en produits de la mer demeure élevée dans la majorité des pays membres du RCEP, alors que le Vietnam se classe aujourd’hui troisième exportateur mondial, avec une présence sur plus de 185 pays et territoires.
Cette synergie donne aux produits vietnamiens l’impression de « prendre leur envol » sur l’aire de jeu du RCEP, avec la possibilité d’élargir leur part de marché, d’accroître leurs exportations et de consolider leur position sur la carte du commerce mondial.
Un autre avantage majeur réside dans l’évolution des règles d’origine. Auparavant, de nombreux accords de libre-échange exigeaient que les produits de la mer soient d’origine exclusivement vietnamienne pour bénéficier des préférences tarifaires.

Avec le RCEP, les produits aquacoles élevés au Vietnam, même à partir d’alevins importés, sont désormais reconnus comme éligibles aux réductions tarifaires. Cette disposition revêt une importance particulière pour les exportations vers de grands partenaires du bloc comme le Japon, la République de Corée ou la Chine.
Une nouvelle stratégie pour le pangasius vietnamien
Selon la VASEP, les signaux positifs enregistrés depuis le début de l’année ouvrent la voie à l’objectif de rétablir 2 milliards de dollars d’exportations de pangasius en 2025.

Toutefois, l’association souligne la nécessité de rester prudents face à un marché encore semé de défis : durcissement des barrières techniques par les pays importateurs, montée du protectionnisme et imprévisibilité des coûts logistiques mondiaux.
Parallèlement, les coûts de production subissent la pression de la hausse des intrants, notamment du carburant et de l’alimentation aquacole.

La concurrence avec d’autres espèces de poissons à chair blanche oblige les entreprises vietnamiennes à améliorer constamment la qualité de leurs produits, à répondre aux normes internationales et à diversifier leurs marchés.

Récolte de pangasius à Dong Thap. Photo : Trung Hieu

La VASEP recommande aux entreprises d’ajuster leur production en fonction de la demande, tout en exploitant pleinement les préférences offertes par les accords de libre-échange afin d’accroître leur compétitivité.

Une autre orientation prometteuse consiste à valoriser les sous-produits du pangasius.

Des articles comme la peau frite, l’huile de poisson, le collagène, la gélatine, la farine ou les aliments pour bétail deviennent progressivement des segments à forte valeur ajoutée.

En réalité, certaines entreprises vietnamiennes ont déjà exporté avec succès des peaux de pangasius vers le Japon, en obtenant une valeur plusieurs fois supérieure à celle du poisson brut, preuve du vaste potentiel de la transformation en profondeur et de l’amélioration de l’efficacité économique du secteur.
Partageant ce point de vue, l’expert agricole Hoang Trong Thuy estime que pour aller vers un développement durable, le secteur du pangasius vietnamien doit renforcer ses normes d’élevage selon des standards internationaux tels que l’ASC, le BAP ou le GlobalGAP, afin de répondre aux exigences de plus en plus strictes des grands marchés importateurs.
Par ailleurs, le renforcement de la transformation en profondeur constitue une démarche indispensable pour accroître la valeur ajoutée des produits, réduire la dépendance vis-à-vis des exportations brutes, vulnérables aux fluctuations des prix et aux barrières techniques.

Il insiste également sur l’importance de bâtir une marque « Pangasius du Vietnam » associée à la qualité, à la nutrition et à la sécurité alimentaire, afin de créer une image crédible sur les marchés internationaux.
« Le secteur doit veiller à développer le marché intérieur, en faisant du pangasius un produit familier dans les repas des Vietnamiens. C’est à la fois une manière d’élargir les débouchés et une base durable pour affirmer la valeur du produit dans son pays d’origine avant de s’étendre à l’international », souligne l’expert.
Le RCEP – l’accord commercial majeur réunissant les dix États membres de l’ASEAN et cinq partenaires (Chine, Japon, République de Corée, Australie et Nouvelle-Zélande) – a créé une zone de libre-échange couvrant près d’un tiers de la population mondiale (2,3 milliards de personnes) et représentant environ 30 % du PIB mondial, devenant ainsi la plus vaste zone de libre-échange du monde en termes de population.

NDEL
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