L’agriculture est l’un des secteurs les plus gravement touchés par le changement climatique et constitue également une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre.
La riziculture génère une part importante des émissions agricoles annuelles. Ainsi, le développement d’une agriculture verte, durable, à faibles émissions et résiliente face aux changements climatiques s’impose comme une solution incontournable pour que la filière rizicole se transforme de manière efficace et responsable vis-à-vis de l’environnement.
Selon le Centre national de promotion agricole, le delta du Mékong est la principale région de production rizicole, garantissant la sécurité alimentaire et contribuant de manière significative aux exportations nationales de riz ces dernières années.
Cependant, cette région est également confrontée à de nombreux défis, tels que l’élévation du niveau de la mer, l’intrusion saline, les sécheresses et des catastrophes naturelles de plus en plus complexes, entraînant une dégradation progressive de la qualité des terres agricoles.
Actuellement, le modèle traditionnel de production de riz montre de nombreuses limites, ce qui nécessite une transformation forte tant au niveau des techniques de culture que de l’organisation de la production.
Afin de répondre aux exigences du développement durable, de l’augmentation de la valeur de la production rizicole et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le 27 novembre 2023, le gouvernement a promulgué la Décision n°1490/QĐ-TTg approuvant le projet intitulé « Développement durable d’un million d’hectares de riziculture intensive de haute qualité et à faibles émissions, associé à une croissance verte dans le delta du Mékong d’ici 2030 » (ci-après dénommé le Projet).
Ce projet est considéré comme une percée dans la restructuration de la filière rizicole, contribuant à élever l’efficacité économique, à renforcer la résilience face au changement climatique et à promouvoir une croissance verte.
Hoang Tuyen Phuong, chef du Bureau de la vulgarisation agricole et forestière (Centre national de promotion agricole), a déclaré :
« Après une année de mise en œuvre, le Projet montre initialement des résultats positifs dans les modèles pilotes déployés dans différentes localités. De nombreux ménages agricoles ont activement appliqué des avancées techniques telles que : la réduction de la densité de semis, l’irrigation alternée sèche-humide, l’utilisation équilibrée des engrais, l’application des technologies numériques dans la production, la gestion des pailles et chaumes… Ces changements permettent non seulement de réduire les coûts de production et d’accroître les profits, mais aussi de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre et d’améliorer la qualité du riz. »
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La riziculture génère une part importante des émissions agricoles annuelles. Photo : VGP. |
Durant le processus de mise en œuvre, les agents de vulgarisation agricole communautaires, les coopératives et les groupes de coopération jouent un rôle essentiel en tant que maillons clés, servant de relais entre la mise en œuvre des politiques et les activités pratiques sur le terrain. Ils ne se contentent pas de transmettre les connaissances et les techniques aux agriculteurs, mais participent également à la réorganisation de la production, à la création de liens, à la coordination des chaînes de valeur et à la promotion de l’application des technologies dans l’agriculture.
À ce jour, sept modèles pilotes à l’échelle nationale ont été déployés dans le delta du Mékong, répartis dans cinq localités : Kien Giang, Soc Trang, Tra Vinh, Dong Thap et Can Tho.
Les premiers résultats montrent que les modèles de culture de riz de haute qualité à faibles émissions apportent des bénéfices significatifs tant sur le plan économique qu’environnemental.
D’après les évaluations, les modèles pilotes ont permis de réduire les coûts de production de 8,2 % à 24,2 %, notamment grâce à la diminution de 30 à 50 % de la quantité de semences utilisées, à une économie de 30 à 70 kg d’engrais par hectare, à la réduction de 1 à 4 applications de produits phytosanitaires et à une baisse de 30 à 40 % de la consommation d’eau d’irrigation.
Les rendements ont augmenté de 2,4 % à 7 %, et les bénéfices ont progressé de 4 à 7,6 millions de dongs par hectare par rapport aux méthodes de culture traditionnelles.
Plus important encore, ces modèles ont contribué à une réduction moyenne des émissions de gaz à effet de serre de 2 à 12 tonnes de CO₂ par hectare.
En particulier, les entreprises s'engagent acheter tout le riz récolté avec un prix par kilogramme de 200 à 300 VND plus élevé, ce qui a créé une forte incitation pour les agriculteurs à participer au projet.
Selon un représentant du Service de l'Agriculture et de l'Environnement de la province de Tra Vinh, dans cette province, deux modèles ont été déployés à la Coopérative agricole Phuoc Hao et à la Coopérative agricole Phat Tai, couvrant une superficie de 98,4 hectares avec la participation de 94 ménages agricoles.
Après un an de mise en œuvre, les deux modèles ont enregistré de nombreux signaux positifs, permettant de réduire les coûts des intrants, d’augmenter les rendements, la qualité ainsi que les bénéfices pour les agriculteurs.
Par ailleurs, ces derniers ont appliqué avec audace de nouvelles méthodes agricoles, favorisant une production en fonction de la chaîne de valeur.
En promouvant les résultats obtenus après la récolte d'été-automne 2024 dans deux modèles pilotes, la province de Tra Vinh a étendu l’expérience à six coopératives agricoles participantes à la récolte d'automne-hiver 2024 avec une superficie de 208,4 hectares.
Lors de la récolte d'hiver-printemps 2024-2025, ce sont 16 coopératives qui y ont participé, couvrant une surface totale de 883,72 hectares.
Le modèle pilote mis en œuvre à la Coopérative agricole Phuoc Hao, dans la commune de Phuoc Hao, district de Chau Thanh (Tra Vinh), sur une superficie de 50 hectares, a vu la participation de 46 ménages. La variété de riz utilisée était le ST24, appartenant au groupe des riz de haute qualité.
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Le modèle pilote mis en œuvre à la Coopérative agricole Phuoc Hao, dans la commune de Phuoc Hao, district de Chau Thanh (Tra Vinh), sur une superficie de 50 hectares, a vu la participation de 46 ménages. Photo : Danviet. |
Selon les représentants de la Coopérative, après trois récoltes de mise en œuvre expérimentale de la culture du riz, de nombreux résultats positifs ont été obtenus, parmi lesquelles la récolte d'hiver-printemps 2024-2025 a enregistré des performances supérieures à celles des récoltes précédentes.
D’après les statistiques, durant cette récolte, la quantité de semences utilisée n’était que de 60 à 70 kg/ha, avec un rendement de 7,5 tonnes/ha, soit une augmentation de 5 à 10 % par rapport à la production hors modèle.
Le chiffre d’affaires s’est élevé à 72 millions de dongs/ha, avec un bénéfice de 48,5 millions de dongs/ha, supérieur de 15 à 25 % par rapport à la production hors modèle.
Notamment, le modèle pilote a également permis de réduire les émissions de gaz de 20 à 30 % par rapport à la production hors modèle.
Selon le Centre national de promotion agricole, bien que les premiers résultats soient encourageants, la mise en œuvre du Projet rencontre encore de nombreuses difficultés.
En particulier, plusieurs localités ne comprennent pas encore pleinement les éléments fondamentaux ni les méthodes de mise en œuvre.
De plus, certaines se concentrent excessivement sur la création et la vente de crédits carbone, au lieu de mettre l’accent sur la mise en œuvre de processus agricoles durables et la réduction des coûts de production pour les agriculteurs.
Par ailleurs, les infrastructures d’irrigation constituent un facteur fondamental et déterminant pour la mise en œuvre des pratiques de culture à faibles émissions.
Cependant, les capitaux d’investissement ne sont pas adaptés à la feuille de route de mise en œuvre. De plus, dans certaines localités, la population se concentre principalement sur les méthodes d’irrigation, sans accorder suffisamment d’attention au traitement des pailles et chaumes.
La pratique de brule des résidus de récolte reste répandue, entraînant une pollution de l’environnement et un gaspillage de ressources pouvant être réutilisées dans la production agricole.
Actuellement, le taux de production rizicole sous contrat dans le delta du Mékong demeure inférieur à 30 %, ce qui est insuffisant pour assurer la stabilité et le développement durable du Projet.
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Les infrastructures d’irrigation constituent un facteur fondamental et déterminant pour la mise en œuvre des pratiques de culture à faibles émissions. Photo : baotuyenquang. |
Afin d’élever l’efficacité du Projet, il est essentiel que, dans les temps à venir, les ministères, les secteurs concernés et les localités doivent renforcer davantage la formation et l’accompagnement des agriculteurs pour les aider à accéder à des méthodes agricoles durables, créer les conditions permettant aux coopératives et aux entreprises de s’intégrer dans la chaîne de production de riz de haute qualité et à faibles émissions.
Par ailleurs, il est nécessaire de planifier des zones de production de riz stables et durables pour le développement du riz de haute qualité et à faibles émissions, ainsi que de mettre en place des codes d’identification des zones de culture dans les régions participant au Projet.
Il convient également de mettre l’accent sur l’investissement et la modernisation synchrone des infrastructures de production dans les zones participant au Projet, en particulier les infrastructures d’irrigation pour répondre aux exigences d’irrigation proactive, soutenir le transport et la mécanisation.
Promouvoir la recherche et le transfert de nouvelles avancées techniques aux agriculteurs pour une application efficace dans la production, soutenir le développement de marques et de labels pour le riz à faible teneur en carbone devraient être des priorités.
Selon Hoang Van Hong, directeur adjoint du Centre national de promotion agricole, dans les temps à venir, il est nécessaire de poursuivre la formation et le renforcement des capacités des groupes de vulgarisation communautaires, des coopératives et des groupes de coopération, à travers des formations spécialisées sur les techniques culturales à faibles émissions.
En outre, la formation aux compétences en gestion de la chaîne de valeur et en commercialisation est également essentielle pour assurer une distribution stable des produits agricoles et améliorer les revenus des agriculteurs.