Bien que le secteur ait réalisé des progrès notables, sa trop grande dépendance à l'égard de la poudre de lait importée pour la production de lait reconstitué a entraîné de nombreuses conséquences. Cette situation non seulement réduit la qualité nutritionnelle pour les consommateurs, mais elle affaiblit également l'élevage laitier national, conduisant les agriculteurs à perdre leur motivation et à être exclus de la chaîne de valeur.
Les statistiques montrent que le taux de croissance de la production de lait frais cru a fortement chuté, passant de 17,7 % par an au cours de la période 2010-2015 à seulement 3,3 % par an entre 2020 et 2024.
Si cette tendance se poursuit, le Vietnam aura du mal à atteindre son objectif d'autosuffisance de 60 % en matières premières d'ici 2030. Les principales causes de cette situation sont l'augmentation des importations de lait, une concurrence féroce sur le marché et les effets négatifs de la pandémie de COVID-19, qui ont perturbé les chaînes d'approvisionnement et augmenté les coûts d'élevage.
Pour surmonter ces défis, l'article propose plusieurs solutions stratégiques visant à atteindre l'objectif d'autosuffisance de 60 % en lait frais après 2030 et de porter la consommation moyenne de lait par habitant à 100 kg par an d'ici 2045. Cet objectif est jugé réalisable, car le Vietnam dispose encore d'un grand potentiel pour l'élevage laitier, avec un cheptel de vaches laitières qui reste très modeste par rapport à de nombreux autres pays.
Il est prévu que d'ici 2030, le cheptel de vaches laitières pourrait quadrupler ou quintupler, atteignant 1,3 à 1,5 million de têtes, et la production de lait frais cru pourrait atteindre 4,3 à 5,0 millions de tonnes.
Pour atteindre ces objectifs, une stratégie coordonnée est nécessaire. Celle-ci inclut :
la réorganisation des zones d'élevage laitier pour les concentrer ;
l'amélioration des politiques juridiques et institutionnelles afin d'encourager les entreprises à utiliser des matières premières nationales ;
le renforcement de l'application de la science et de la technologie dans l'élevage et la transformation ;
l'intensification de la formation pour les techniciens et les agriculteurs ;
et le renforcement de la communication pour sensibiliser les consommateurs à la valeur du lait frais et sain.
L'Institut de recherche stratégique et politique (relevant du ministère de l'Industrie et du Commerce) est également en train d'élaborer un projet de "Stratégie de développement de l'industrie laitière à l'horizon 2030, vision 2045" pour unifier les objectifs et les solutions, contribuant ainsi à assurer la sécurité nutritionnelle et des moyens de subsistance durables pour les agriculteurs.