À partir d’avril 2025, le président américain Trump a annoncé l’imposition d’un droit de réciprocité de 10 % sur les marchandises importées de la plupart des pays.
Après plusieurs ajustements, au 7 août, ce droit appliqué aux sources d’approvisionnement en crevettes variait de 10 % à 25 %, et l’Inde risquait même d’être soumise à un taux pouvant atteindre 50 %.
Cette nouvelle politique tarifaire a incité les importateurs américains à accélérer leurs achats au deuxième trimestre, en particulier au mois de juin.
Au premier semestre 2025, les importations de crevettes des États-Unis ont enregistré une croissance sans précédent.
Selon l’Association vietnamienne des producteurs et exportateurs de produits de la mer (VASEP), de janvier à juin, les États-Unis ont importé 413 718 tonnes de crevettes, pour une valeur de 3,4 milliards de dollars, soit une hausse de 18 % en volume et de 28 % en valeur par rapport à la même période de 2024.
La VASEP indique que la nouvelle politique tarifaire a fortement bouleversé le marché de la crevette à l’exportation vers les États-Unis, en particulier le classement concurrentiel entre les pays fournisseurs.
Dans un contexte de concurrence et de fluctuations de la politique tarifaire, les exportations de crevettes du Vietnam vers les États-Unis ont tout de même maintenu une dynamique de croissance au premier semestre 2025.
Le chiffre d’affaires a atteint 341 millions de dollars, en hausse de 12,7 % par rapport à la même période de l’année précédente.
La crevette à pattes blanches, entre autres, représentait 81,1 %, soit 276,7 millions de dollars, dont la majeure partie sous forme de produits transformés (HS16) avec 174 millions de dollars, en hausse de 11,7 %.
Le segment des crevettes surgelées (HS03) a atteint 102,7 millions de dollars, en progression de 4,1 %, ce qui reflète une demande des consommateurs américains toujours orientée vers les produits pratiques.
La crevette tigre noire a enregistré un chiffre d’affaires de 29,2 millions de dollars, représentant 8,6 %, mais ses exportations sous forme transformée ont chuté de 21,6 %, signe que ce produit perd progressivement son avantage concurrentiel sur le marché américain.
À l’inverse, la catégorie des « autres crevettes » a atteint 35,1 millions de dollars, en hausse de 86,7 %, principalement grâce à une quasi-doublure des exportations de produits transformés.
Malgré des résultats positifs au premier semestre, les perspectives d’exportation de crevettes vietnamiennes vers les États-Unis pour la seconde moitié de l’année restent porteuses de nombreux risques.
Le Vietnam est actuellement confronté à un droit de réciprocité de 20 %, et pourrait en outre être soumis à des droits compensateurs (CVD) et antidumping (AD), d’autant que les résultats préliminaires de la 19ᵉ révision administrative (POR19) indiquent un niveau de taxation assez élevé.
Cette situation complique la fixation des prix, la planification de la production et les offres commerciales des entreprises.
Par ailleurs, si le prix des crevettes finies augmente fortement, le pouvoir d’achat des consommateurs américains pourrait reculer, notamment dans un contexte d’inflation et de restriction des dépenses.
La VASEP recommande, à court terme, que les entreprises suivent de près l’évolution de la politique tarifaire américaine, en particulier les résultats définitifs de l’enquête sur les droits antidumping, prévus pour la fin de l’année 2025.
L’ajustement de la structure des produits, avec un accent mis sur les gammes transformées à forte valeur ajoutée — domaine où le Vietnam conserve un avantage — ainsi que l’optimisation des coûts et l’amélioration de la qualité, constitue des éléments clés pour maintenir la part de marché.
À long terme, une stratégie visant à réduire la dépendance au marché américain, à s’étendre vers les marchés du CPTPP, de l’UE, de la République de Corée et de la Chine, tout en diversifiant les produits de crevettes vers des gammes propres, biologiques et à faibles émissions de carbone, permettra au secteur vietnamien de la crevette de maintenir sa stabilité face aux fluctuations des politiques commerciales mondiales.