Un nouvel élan pour la croissance agricole

En 2025, le secteur agricole du Vietnam vise une croissance d’au moins 4 %. Cependant, cet objectif se heurte à la limite de croissance, dans un contexte où le modèle d’exploitation traditionnelle des ressources ne suffit plus à créer une percée, dans une conjoncture commerciale mondiale de plus en plus complexe et imprévisible.

Utilisation de drones pour pulvériser des produits phytosanitaires. Photo : VGP.
Utilisation de drones pour pulvériser des produits phytosanitaires. Photo : VGP.

Dans ce contexte, il est impératif de trouver de nouveaux moteurs pour impulser une croissance décisive.

La puissance de la technologie et de la transformation numérique

La science et la technologie sont désormais devenues des partenaires indispensables dans la chaîne de valeur de l’agriculture moderne, de la production à la récolte, jusqu’à la commercialisation des produits.

Parallèlement, la transformation numérique bouleverse profondément l’ensemble du secteur agricole grâce à l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA), la blockchain, les mégadonnées (Big Data), les systèmes de calcul haute performance (High Performance Computing - HPC), ouvrant ainsi un vaste potentiel de croissance.

Selon les données du Département général des statistiques (ministère des Finances), le PIB du premier trimestre 2025 est estimé en hausse de 6,93 % en un an. Parmi les secteurs, l’agriculture, la sylviculture et la pêche ont enregistré une croissance de 3,74 %, contribuant à hauteur de 6,09 % à l’augmentation totale de la valeur ajoutée de l’économie nationale. Ce taux de croissance est jugé significatif pour l’ensemble du secteur agricole, compte tenu du contexte actuel.

La science et la technologie constituent un levier

À partir de son activité principale dans la canne à sucre, la société par actions Thanh Thanh Cong (TTC AgriS) étend sa production à des produits agricoles à haute valeur ajoutée, tels que des épices pour la cuisine et des produits biochimiques, avec près de 200 références exportées vers 69 pays.

Par ailleurs, les solutions agricoles de TTC AgriS ont permis de préserver la fertilité durable des sols, d’améliorer la productivité des cultures et d’augmenter l’efficacité de la production pour les agriculteurs. L’entreprise crée actuellement des emplois stables pour plus de 40 000 travailleurs directs et indirects tout au long de la chaîne de valeur.

Le directeur général de la société, Thai Van Chuyen, a déclaré que TTC AgriS construit un modèle intégré couvrant toute la chaîne, de la zone de matière première à la production et au commerce, basé sur la technologie, visant à développer une agriculture circulaire et à réduire les émissions, avec pour objectif la neutralité carbone (Net Zero) d’ici 2035.

Depuis 2018, AgriS a progressivement mis en œuvre le système Agri App pour gérer les zones de matière première ; elle applique la blockchain dans la traçabilité des produits… Grâce à cela, la productivité des zones de matière première a augmenté de 15 à 30 % grâce à la normalisation et à la numérisation des processus ; plus de 60 % des étapes logistiques et commerciales ont été numérisées.

De plus, TTC AgriS déploie un modèle d’économie agricole intelligente basé sur une plateforme intégrée AgTech-FoodTech-FinTech avec trois piliers principaux : nutrition intelligente, traçabilité intelligente et connexion intelligente.

Cela permet de créer des zones agricoles conformes aux standards de traçabilité intégrale, avec des produits répondant aux exigences des marchés exigeants en matière de développement durable (ESG) et de transparence des données, tels que l’Union européenne (UE) et le Japon.

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TTC AgriS déploie un modèle d’économie agricole intelligente basé sur une plateforme intégrée AgTech-FoodTech-FinTech. Photo : Daibieunhandan.

Catalyseur de création de valeur, l’application des sciences et technologies constitue l’atout majeur du groupe Dabaco Vietnam dans le secteur de l’élevage.

Le vice-président-directeur général, Nguyen Van Tue, souligne que le groupe se positionne en pionnier dans l’application des biotechnologies, des technologies numériques et de l’innovation à chaque maillon de la chaîne de production.

Il investit massivement dans des équipements ultramodernes et des logiciels de gestion intelligents, générant ainsi un saut qualitatif et quantitatif en matière de productivité et de qualité.

Par ailleurs, Dabaco exploite l’intelligence artificielle (IA) pour analyser les données d’élevage, anticiper les risques d’épidémies, planifier les sorties d’animaux et gérer les stocks, optimisant ainsi la production tout en minimisant les risques.

Le système de traçabilité électronique, appliqué dans toutes les exploitations agricoles, permet d’enregistrer l’intégralité du processus d’élevage, garantissant une transparence totale et renforçant la confiance des clients, ce qui constitue un avantage concurrentiel majeur pour l’entreprise. Grâce à cela, en 2024, Dabaco est devenue une entreprise réalisant un chiffre d’affaires de plusieurs milliards d’USD employant plus de 10 000 salariés.

Une croissance spectaculaire

Selon Le Phu Ha, directeur général de la Transformation numérique (ministère de l’Agriculture et de l’Environnement), ces dernières années, la numérisation et l’application des technologies de l’information et du numérique pour accroître la valeur économique numérique se sont manifestées clairement dans tous les secteurs de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche.

De nombreuses entreprises, coopératives et exploitations agricoles ont adopté des systèmes d’irrigation automatique, de goutte-à-goutte, ainsi que des dispositifs de régulation automatique de la température dans les serres et tunnels plastiques, contribuant ainsi à réduire les coûts de main-d’œuvre, économiser l’eau et augmenter la productivité des cultures.

Le secteur forestier a appliqué la technologie DND à codes-barres pour la gestion des semences ; l’automatisation et les robots connectés aux équipements et machines des usines de transformation du bois à grande échelle ; l’utilisation des technologies SIG (systèmes d’information géographique) et des images satellitaires pour développer des logiciels de détection précoce et d’alerte aux incendies de forêt ; ainsi que l’application de l’IoT pour la mesure, le suivi et le contrôle automatique 24 h/24 de la qualité de l’eau en aquaculture.

Ces avancées ont permis de générer une valeur ajoutée importante pour le secteur agricole, avec un taux de croissance de 3,3 % en 2024.

Ainsi, la technologie et la transformation numérique ne constituent pas uniquement un levier pour hisser les grandes entreprises vers de nouveaux sommets, mais imprègnent désormais chaque segment, même le plus discret, de l’agriculture vietnamienne.

Ce mouvement profond a permis à un secteur longtemps considéré comme traditionnel de se réinventer avec force, en affichant des performances remarquables en 2024.

À titre d’illustration : la production de riz a atteint 43,52 millions de tonnes, dont 9,03 millions exportées pour un chiffre d’affaires de 5,75 milliards d’USD. Les exportations de noix de cajou se sont élevées à 723 800 tonnes, générant 4,38 milliards d’USD, confortant le statut du Vietnam en tant que premier exportateur mondial de noix décortiquées.

La filière café a enregistré une récolte de 2,01 millions de tonnes, dont 1,34 million exportées pour 5,48 milliards d’USD, confirmant la position de leader mondial sur le segment Robusta.

Enfin, les exportations de fruits et légumes ont atteint un record historique de 7,12 milliards d’USD, portées par une forte croissance de la production de plusieurs cultures phares.

S’agissant du riz, secteur stratégique et emblématique, le docteur Tran Ngoc Thach, directeur de l’Institut du riz du delta du Mékong, rappelle qu’il y a cinquante ans, cette région cultivait principalement des variétés locales de saison, à faible rendement, avec une production annuelle d’environ 5 millions de tonnes.

Aujourd’hui, ce chiffre a été multiplié par cinq pour atteindre 25 millions de tonnes. L’Institut, en partenariat avec divers organismes et entreprises, se félicite que la grande majorité des variétés cultivées dans la région soient désormais issues de programmes de sélection réalisés localement.

« À l’heure actuelle, nous disposons d’un portefeuille variétal de bonne qualité. Dans nos travaux de recherche et de sélection, nous continuons à améliorer les variétés déjà populaires, en renforçant leur résistance aux maladies et aux ravageurs par hybridation, tout en préservant la qualité du riz ainsi que les caractéristiques intrinsèques de chaque variété.

Parallèlement à cela, nous intégrons de nouvelles technologies et techniques pour développer des variétés adaptées à différents segments de marché, avec l’ambition de pouvoir répondre à tous les besoins : quel que soit le riz recherché, nous aurons la variété correspondante », a souligné le docteur Tran Ngoc Thach.

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