Ce voyage gustatif n'est pas seulement une histoire de plats, mais aussi une preuve vivante de l'interpénétration culturelle entre les deux pays.
Le « bún đậu mắm tôm », un plat simple conquiert Phnom Penh
Au cœur de la capitale dynamique Phnom Penh du Cambodge, le restaurant « Bún Đậu » de Sereyroth sur la rue 128 offre un espace imprégné de la culture vietnamienne. Les couleurs conviviales comme le blanc, le jaune, le rose, et l'aménagement subtil rappellent les petits restaurants populaires du Vietnam. Mais ce qui rend ce lieu unique, c'est la saveur authentique du « bún đậu mắm tôm ».
Ce plat est un mélange de nombreux ingrédients simples : vermicelles de riz, tofu frit, herbes aromatiques, concombre, viande bouillie, « chả cốm » (jeune riz et hachis de porc mélangés et frits). Mais tous ces éléments sont sublimés par le «mắm tôm » (la sauce de crevettes fermentées, au goût puissant et unique). « Dès la première dégustation de ce plat à Siem Reap, ma sœur et moi avons été totalement conquises », a raconté Sereyroth. « Nous avons pensé : pourquoi ne pas apporter ce plat à Phnom Penh pour que de nombreux Cambodgiens puissent en faire l'expérience ? ».
Allant au-delà de l'idée, les deux sœurs ont décidé d'acheter une franchise et ont ouvert le restaurant à Phnom Penh en juillet 2020. Pour préserver le goût original, de nombreux ingrédients comme le « mắm tôm », le chả cốm et le tofu sont importés directement du Vietnam. Cependant, pour s'adapter au palais local, elles ont ajusté la saveur, rendant le plat « moins salé mais toujours fidèle à la saveur du « bún đậu », comme le confie un client.
Le restaurant ne se contente pas de servir du bún đậu, il propose également un espace fortement marqué par la culture vietnamienne, avec des salles privées pour les groupes d'amis et les familles. Deux types de sauces - sauce de crevettes et sauce de poisson - sont toujours disponibles pour répondre à divers goûts. "Nous encourageons nos clients à essayer la sauce de crevettes car c'est l'âme du plat", explique avec enthousiasme Mme Sereyroth. Des prix raisonnables, de 5 à 15 USD, attirent également une clientèle variée.
L'accueil chaleureux des Cambodgiens, des Vietnamiens résidant à l’étranger et des touristes internationaux est une preuve de l'attrait du plat. Avec ce succès initial, Sereyroth ne cache pas son ambition d'étendre le restaurant pour répondre à une demande croissante. « Le bún đậu » n'est pas seulement un plat, c'est aussi une manière pour nous de raconter l'histoire du Vietnam à des amis internationaux », a-t-elle souligné.
Un jeune Cambodgien avec le rêve du « phở vietnamien »
Si Sereyroth a trouvé sa passion à travers le « bún đậu », Kim Chey Peng, un jeune homme de Phnom Penh, trouve son grande inspiration dans le « phở vietnamien ». Initialement orienté par sa mère vers une carrière d'ingénieur, Peng a convaincu sa famille de soutenir son rêve d'ouvrir un restaurant de « phở vietnamien ». Pour lui, le phở n'est pas seulement un plat, mais aussi un symbole culturel qu'il souhaite rapprocher des Cambodgiens.
Avec le soutien de sa mère, une femme d'origine vietnamienne, Peng s'est rendu à Hô Chi Minh-Ville pour apprendre les secrets de la préparation d'un « phở » authentique. Dans un centre de formation professionnelle à Hô Chi Minh-Ville, il a été guidé par le chef Nguyên Quôc Y, surnommé « le magicien du phở vietnamien ». De la sélection des os, à la cuisson du bouillon pendant des heures, en passant par l'art de mélanger les épices, tout a été enseigné avec soin. « Le chef ne m'a pas seulement appris à cuisiner, il m'a aussi raconté des histoires sur la culture et l'âme du phở », a-t-il indiqué.
Au-delà des cours, le chef Quôc Y a emmené Peng visiter des restaurants de phở célèbres à Saigon pour apprendre la gestion d'un restaurant. Ces expériences n'ont pas seulement enrichi ses connaissances, mais ont également nourri le rêve de Peng : faire de son restaurant de phở un lieu de rencontre culturelle.
De retour à Phnom Penh, Peng a commencé à planifier l'ouverture de son premier restaurant de phở avec le soutien enthousiaste de sa mère. « Le phở n'est pas seulement un plat, c'est une passerelle permettant aux Cambodgiens de mieux comprendre l'esprit et la culture du Vietnam », a espéré Peng.
Non seulement le « bún đậu » et le « phở », mais d'autres plats vietnamiens comme le « bún riêu » (Nom Banh Chok Khuor Kdam en khmer) deviennent aussi progressivement familiers dans la vie des Cambodgiens. Ces plats vietnamiens n'apportent pas seulement des opportunités commerciales pour des jeunes comme Sereyroth et Peng, mais ouvrent également une porte pour une meilleure compréhension mutuelle entre les deux peuples à travers chaque repas.